La semaine dernière, les chefs de la diplomatie américains et chinois se sont rencontrés en Alaska. Il s’agissait de la première discussion entre les deux pays depuis que Joe Biden a pris les rênes de la Maison Blanche. Si les Etats-Unis ont qualifié la discussion de ‘dure et directe’, la Chine en est ressortie encore moins ravie.
‘Nous étions lucides en entrant dans cette réunion, nous sommes lucides en sortant’, avait affirmé le conseiller présidentiel américain Jake Sullivan la semaine dernière, à la sortie de ces deux journées de discussion. Il avait confirmé que les États-Unis et la Chine étaient ‘fondamentalement en désaccord’ sur un certain nombre de sujets (Ouïghours, Tibet, Hong Kong, Taïwan), mais que leurs ‘intérêts se recoupaient sur l’Iran, la Corée du Nord, l’Afghanistan et le climat’.
Sullivan avait également assuré que l’administration Biden continuerait à travailler avec la Chine sur les intérêts partagés ‘par les canaux diplomatiques normaux’. Avant cette rencontre, des responsables américains s’étaient également entretenus avec leurs homologues japonais et sud-coréens. Les discussions s’étaient, fort logiquement, déroulées dans un climat bien plus serein.
Kim Jong-un accueille Xi Jinping à bras ouverts
A la sortie du meeting, les responsables chinois étaient restés très discrets, pour ne pas dire muets. Quelques jours plus tard, Pékin s’active enfin. Sa principale réaction ? Se rapprocher de la Corée du Nord.
‘Nous sommes prêts à travailler main dans la main avec les camarades nord-coréens pour maintenir, consolider et développer les relations Chine-Corée du Nord’, indique un message signé au nom président chinois Xi Jinping et envoyé à la Corée du Nord, a rapporté l’agence de presse officielle Xinhua.
Cette position a été confirmée par Ri Ryong Nam, l’ambassadeur de Corée du Nord en Chine, et Song Tao, un haut diplomate chinois. D’après eux, Xi Jinping a réaffirmé que la Chine était prête à travailler avec la Corée du Nord et d’autres parties concernées pour préserver la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne.
D’après l’agence de presse officielle nord-coréenne, Kim Jong-un a très bien accueilli cette approche de la Chine. Le dirigeant suprême de la Corée du Nord ‘a souligné la nécessité de renforcer l’unité et la coopération entre les deux partis et les deux pays pour faire face aux défis et aux manœuvres d’obstruction des forces hostiles’. Une référence directe aux Etats-Unis, dont le soutien militaire à la Corée du Sud est perçu comme une menace.
Réelle collaboration avec la Russie
Xi Jinping a également appelé à un renforcement de la collaboration entre son pays et la Russie, ‘en réponse à l’hégémonie poursuivie par certains pays occidentaux, États-Unis en tête’.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, se trouve justement en Chine cette semaine. Le Kremlin est lui aussi ouvert à une telle entente, encourageant Moscou et Pékin et réduire leur dépendance au dollar américain et aux systèmes de paiements occidentaux. Une stratégie visant à s’opposer à ce que Lavrov a appelé le ‘programme idéologique de l’Occident’, rapporte Reuters.
Moscou enjoint également Pékin à collaborer davantage aux niveaux scientifique et technologique, afin de renforcer leur autonomie. Parmi les autres sujets sur la table, la Russie et la Chine se sont mises d’accord pour mettre au point un pass international permettant de relancer les voyages entre les deux pays.
Enfin, les ministres des Affaires étrangères russe et chinois ont condamné de concert les accusations du monde occidental envers leur non respect des droits de l’homme. Des accusations qui ont trait principalement à l’affaire Navalny pour la Russie et aux Ouïghours pour la Chine.
‘Les pays devraient faire front commun pour s’opposer à toutes les formes de sanctions unilatérales. Ces mesures ne seront pas acceptées par la communauté internationale’, a déclaré Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères. Des propos confirmés par Lavrov. D’après lui, la Chine et la Russie considèrent que les États-Unis cherchent à s’appuyer sur les alliances militaires de la guerre froide pour saper ‘l’architecture juridique internationale’.
L’UE ciblée également
L’Union européenne en a également pris pour son grade. La Russie n’accepte pas les sanctions prises suite au dossier Navalny. D’après Lavrov, la Russie n’a plus de relations avec l’UE après que Bruxelles les a ‘détruites’. Le ministre russe a toutefois ajouté que la Russie serait prête à travailler avec l’UE ‘quand le bloc sera prêt à supprimer cette anomalie dans les relations.
Ce lundi, la Chine a aussi réagi suite aux sanctions prises par l’UE contre des responsables chinois. Dix Européens, dont un député belge, se sont vu à leur tour imposer des sanctions, en plus d’organismes liés aux droits humains.
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