Le monde politique avait pourtant laissé fuiter dans la presse quelques belles promesses. Un élargissement de la bulle extérieure, un relâchement des mesures pour certains secteurs, dont l’horeca. Di Rupo, De Wever, Bouchez, Clarinval, Ducarme ou encore Jeholet, tous ont plaidé pour un assouplissement ces derniers jours. On y croyait presque…
Mais le porte-parole néerlandophone du centre interfédéral et membre du GEMS, Steven Van Gucht, est venu doucher nos espoirs en deux temps. Hier, dans le JT de RTL TVi, et ce matin, dans le journal le plus lu de Flandre, Het Laatste Nieuws.
Pour l’expert, les relativement bons chiffres de ces derniers jours, voire dernières semaines – moins de 40 morts quotidiens, moins de 120 hospitalisations, moins 18% de cas sur les 7 derniers jours, 75% des résidents des maisons de retraite ayant bénéficié des deux doses du vaccin – ne sont pas suffisants.
Les seuils qui avaient été précédemment établis (et qui n’ont toujours pas évolué) n’ont pas été atteints: à savoir un maximum de 75 hospitalisations et 800 contaminations.
Pas avant le mois d’avril
Vous espériez un déconfinement pour le mois de mars, suite au Comité de concertation du 26 février? Vous rêviez tout haut: ‘En avril, le contexte sera probablement beaucoup plus favorable alors que février et mars, selon nos estimations, resteront difficiles’, a déclaré le porte-parole sur RTL TVi.
Le seuil des 75 hospitalisations ‘est un seuil très important qui est bien calculé. Pour février, ce sera difficile d’atteindre ce seuil. Peut-être que ce sera possible en mars, mais il faudra ensuite attendre trois semaines pour rester en dessous de ce seuil. Donc je pense qu’avril est plus raisonnable.’
Faudrait pas trop en demander non plus. Si vous n’aviez pas bien tout compris, le virologue a retapé sur le clou ce matin dans HLN. Un relâchement des règles avant Pâques constituerait un véritable danger: ‘Je ne serais pas étonné que d’ici la semaine prochaine, les chiffres repartent à la hausse.’
Que va faire le monde politique?
Van Gucht veut éviter qu’on déconfine trop tôt: ‘Le timing est très important, il peut tout faire basculer. Mal choisir le moment, ce serait se tirer une balle dans le pied. Aller trop vite n’est pas une option. »
L’infectiologue Erika Vlieghe (GEMS) et l’épidémiologiste Marius Gilbert (Ex-GEES), se sont également montrés prudents face aux différentes sorties politiques. Les chiffres doivent continuer à baisser sur une plus longue période. Chaque secteur qu’on déconfinera sera une porte d’entrée pour le virus et ses variants. Il est vrai que ce même groupe d’experts travaille en ce moment à des protocoles sanitaires pour les secteurs concernés en cas d’éventuelles réouvertures. Mais, résumons, les feux ne sont pas encore au vert.
Ce n’est pas l’avis de certains politiques qui disent crouler sous les messages de détresse des indépendants, des jeunes, du milieu culturel et bien d’autres encore. D’autres experts, comme Yves Coppieters, qui ne fait toutefois pas partie du GEMS, estiment qu’il est temps pour un déconfinement progressif. Les voix dissonantes se font de plus entendre, la pression monte, la cacophonie aussi.
Ce situation a même fait sortir le très calme Yves Van Laethem – porte-parole francophone du centre interfédéral – de ses gonds dans La Libre Belgique: ‘Quand je vois les monstruosités qui ont été dites récemment, ça me fait bondir.’ L’expert ne nie pas que les discussions sont intenses au sein du GEMS entre les alarmistes et les rassuristes. Le tout fait un bon mélange, précise-t-il. Le sacro-saint compromis à la Belge.
Il est vrai que ce sont toutefois les experts les plus alarmistes qui ont l’oreille du Premier ministre et du ministre de la Santé, et ils sont presque tous au nord du pays (Van Ranst, Vlieghe, De Gucht).
Le cas du mois de septembre
Le match n’est pas joué, mais la situation de septembre dernier pourrait nous donner un indice sur la suite des événements. Le groupe d’experts – alors appelé le Celeval – avait rendu un rapport au monde politique qui était encore mené par le gouvernement Wilmès (MR). Les politiques n’y avaient puisé pratiquement que les éléments menant à un déconfinement quasi complet pour renouer la confiance avec les citoyens.
Avec la suite que l’on sait. Une dégradation importante des chiffres en octobre et un reconfinement dès le mois de novembre. Suite à quoi, avant la période des fêtes, l’actuel Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) avait prévenu d’emblée qu’un déconfinement trop précoce mènerait inévitablement à un reconfinement. Un mot d’ordre ayant cours au 16 rue de la Loi: ne pas répéter les erreurs du passé.
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