Beaucoup de bruits courent sur Elon Musk, mais une chose est sûre : il a réussi à lui seul à faire gagner beaucoup d’argent à de nombreux investisseurs. En 2020, le cours de l’action Tesla a connu une hausse phénoménale de 700 %. Les « shorters » de l’action, ceux qui pensent que l’action est fortement surévaluée, ont – à nouveau – eu tort. Et Elon Musc en tire également un immense plaisir.
C’est la question qui vaut 100 milliards – on ne parle plus de millions au sujet de Tesla – et à laquelle les analystes tentent à présent de répondre : le prix de l’action Tesla peut-il encore augmenter ou amorce-t-il le début de son déclin?
La revue économique The Economist a mené quelques recherches des deux côtés du camp : d’un côté, les « taureaux », désignés en langage boursier comme ceux qui pensent que le cours va partir à la hausse. De l’autre, ‘les ours’, ceux qui estiment que l’indice boursier va partir à la baisse. L’hebdomadaire libéral énumère les arguments ‘pour’ et ‘contre’ de ces deux clans.
Les taureaux : ‘Tesla reste une bonne affaire ’
Selon eux, Tesla n’est pas une entreprise automobile. C’est un géant de la technologie qui bouleverse de nombreux secteurs. C’est le baromètre, voire le ‘perturbateur’ ultime des industries, des constructeurs automobiles aux entreprises spatiales, en passant par l’énergie et la robotique. Tesla est composé de plusieurs entreprises. Toutefois, Tesla reste la société phare des constructeurs automobiles. C’est la première marque de voiture qui, au cours des 50 dernières années, a réellement réussi à forcer une percée dans l’oligopole des grandes entreprises automobiles. De plus, Tesla est déjà bien rentable. Avec une marge d’exploitation de 7%, elle fait rougir de nombreux autres constructeurs automobiles.
Le marché des voitures électriques représente aujourd’hui 3% des ventes de voitures. D’ici 2030, cette part devrait passer à 30%. Les taureaux s’attendent à ce que Tesla représente entre 20 et 30% de ce chiffre. Les usines géantes que Tesla construit dans le Nevada, à Berlin et à Shanghai lui donneront les capacités pour produire les batteries nécessaires aux nombres de véhicules requis.
Tesla a également surmonté tous ses problèmes de production. L’entreprise a réussi à livrer 500.000 unités en 2020, un exploit. En outre, Tesla dispose d’un capital illimité. Elle a récemment levé 12 milliards de dollars pour financer de nouvelles initiatives.
Le rythme de l’innovation s’accélère aussi, ce qui empêche la concurrence de suivre. Alors que des concurrents comme Volkswagen et Toyota tentent de se détacher de leurs technologies traditionnelles, Tesla est libre de faire des affaires indépendamment de ses activités passées. Comme Apple, Tesla définit des catégories dans son segment. Cela donne à l’entreprise un pouvoir énorme sur la fixation des prix.
Mais le plus grand atout de Tesla, c’est son brillant PDG. Elon Musk offre une perspective originale de l’avenir à de nombreuses industries, et donne aux autres une vision du chemin que l’humanité devrait prendre.
Les ours : ‘Tesla est une action surévaluée’
D’après eux, Tesla a peut-être produit 500.000 voitures, mais ce nombre doit encore être multiplié par vingt pour atteindre celui de Volkswagen, par exemple. Sans oublier qu’Elon Musk avait promis dans le passé de produire 1 million de pièces d’ici à la fin de l’année 2020.
En outre, la concurrence ne s’arrête pas là. Le prix des batteries chute très rapidement et les concurrents développent de nouveaux modèles à toute vitesse. General Motors promet de sortir 30 modèles d’ici à 2025, alors que Volkswagen ambitionne d’en sortir 70 d’ici 2030. En parallèle, les fabricants chinois font également des progrès. NIO, un constructeur chinois de voitures électriques, est le premier à revendiquer une autonomie de 1.000 km avec sa berline ET7.
Les ‘ours’ pensent aussi qu’il serait faux de dire que Tesla fait des bénéfices. La plupart de ces bénéfices proviennent des subventions accordées par le gouvernement sur la vente des crédits de CO2. En outre, les ventes des Model X et S sont déjà en baisse. Au cours des neuf derniers mois, trois constructeurs automobiles ont déjà vendu plus de voitures électriques que Tesla : Volkswagen, le groupe Renault et Hyundai-Kia.
Ils affirment aussi que le battage publicitaire autour de certains modèles, dont Musk a fait l’apologie, est également en train de s’estomper.
Mais la plus grande question qu’ils soulèvent, c’est de savoir si Elon Musk est un PDG fiable. Tout le monde connaît ses ‘exploits’, de la consommation de drogue à une utilisation quelque peu aléatoire et très douteuse de Twitter, ce qui indique qu’il est capable de tout, dans tous les sens du terme et qu’on ne peut tabler sur des certitudes.
Musk, le Henry Ford de notre époque?
Elon Musk entrera sans aucun doute dans l’histoire comme Henry Ford l’a fait il y a 100 ans. Ford a introduit le taylorisme, une technique de production qui subdivise la construction d’une voiture en tâches simples et répétitives que les travailleurs peuvent effectuer, et qui augmente ainsi considérablement l’efficacité de la fabrication automobile.
Une chose est sûre : les investisseurs n’ont plus qu’à espérer que la santé d’Elon Musk se maintienne, car l’ensemble du cours de l’action ne tient qu’au génie industriel – et débridé- d’un seul homme.