Twitter a supprimé le compte du président américain Donald Trump il y a maintenant une semaine. Était-ce un choix commercialement judicieux de la part de la plateforme?
La prise d’assaut du Capitole a été le déclencheur de la mise au ban de Donald Trump de la plateforme Twitter. Cette dernière a jugé qu’il était dangereux de laisser le futur ex-président américain conserver son compte. Quelques jours après cette interdiction, Jack Dorsey, le CEO de Twitter, a défendu sa décision de suspendre définitivement le compte. ‘Nous avons été confrontés à une situation extraordinaire et intenable qui nous a obligés à concentrer toutes nos actions sur la sécurité publique’, a-t-il déclaré.
Néfaste pour la valeur boursière
Depuis l’interdiction de ce compte aux 88 millions d’abonnés, la valeur boursière de la plateforme a considérablement diminué. Twitter a annoncé la nouvelle le week-end dernier, de sorte que les conséquences de cette décision ne se sont fait sentir qu’à partir du lundi.
Le vendredi soir, l’action Twitter valait 51,48 dollars. Lundi soir, le titre avait cédé 6%, après avoir été dans le rouge de 12% au cours de la journée. En un seul jour, Twitter a vu 2,5 milliards de dollars de sa valeur boursière partir en fumée.
Cette perte correspond à la prévision qui avait été faite en 2017 par un analyste de la société d’investissement Monness Crespi Hardt. À l’époque, il avait estimé que Twitter perdrait 2 milliards de sa capitalisation boursière si Donald Trump quittait la plateforme.
Entretemps, la valeur boursière de Twitter a encore chuté. Alors qu’elle était encore de 38,1 milliards de dollars lundi, elle n’était plus que de 35,9 milliards de dollars vendredi soir. Il s’agit donc, pour le moment, d’une perte totale de plus de 4 milliards de dollars en une semaine.
Pas de raison de paniquer
Selon Mark Shmulik, analyste chez AllianceBernstein, il n’y a toutefois aucune raison de paniquer. ‘On assiste à une réaction excessive’, estime-t-il. ‘En fait, je ne serais pas surpris que l’interdiction de Twitter de Trump soit bénéfique à long terme pour la plateforme.’
‘Twitter n’est désormais plus dominé par les tweets de Trump ou les réactions qu’ils suscitent. Cela pourrait amener les annonceurs à considérer une fois de plus Twitter comme un refuge sûr pour y placer des publicités. Cela pourrait bien avoir un effet à la hausse sur les prix des publicités’, explique-t-il.
Facilité d’utilisation
Selon l’analyste, les investisseurs craignent surtout que de nombreux utilisateurs tournent désormais le dos à Twitter. Ce qui explique la chute soudaine du de l’action. Des chiffres récents montrent que la plateforme compte 330 millions d’utilisateurs actifs par mois.
Sandra Matz, professeur à la Columbia Business School, est pour sa part convaincue que le titre va rebondir. Elle ne s’attend pas non plus à ce que des masses de gens quittent Twitter. ‘Les partisans de la droite sont peut-être mécontents de la décision de Twitter pour le moment, mais ils reprendront rapidement leurs anciennes habitudes et continueront donc à utiliser la plateforme’, a-t-elle affirmé dans une interview avec MarketWatch. ‘La forte réaction émotionnelle ne l’emporte pas sur la facilité d’utilisation de Twitter. Par conséquent, beaucoup de gens continueront à utiliser la plateforme, même s’ils ne sont pas d’accord avec la décision de Twitter.’
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