Si nous parvenons à éliminer rapidement les émissions de gaz à effet de serre excédentaires, la température de la Terre pourrait se stabiliser en quelques décennies, affirme une nouvelle étude. Pendant longtemps, on a supposé que la poursuite du réchauffement climatique aurait des conséquences pour de nombreuses générations, et ce même si les émissions baissaient rapidement.
Jusqu’à présent, on estimait que même si les émissions étaient réduites, nous en subirions les conséquences pendant très longtemps car les gaz à effet de serre s’accumulent dans l’atmosphère. Mais une meilleure compréhension des implications d’une baisse des émissions nettes à zéro donne l’espoir que le réchauffement climatique puisse être plus rapidement contré.
Plus de 100 pays se sont engagés à atteindre l’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050, ce qui signifie qu’ils n’émettront pas plus de dioxyde de carbone que ce qui est retiré de l’atmosphère (par exemple en plantant des forêts). L’Union européenne, le Royaume-Uni, le Japon et même la Chine sont à bord. Et ces pays devraient être bientôt rejoints par les États-Unis sous la présidence d’un Joe Biden fraichement élu.
‘À l’heure actuelle, la température change 100 fois plus vite que lors de la dernière période glaciaire’
La trajectoire actuelle désastreuse du climat mondial est mise en évidence par une nouvelle étude, qui confirme que le monde s’achemine rapidement vers un réchauffement de plus de 2 degrés Celsius. La Terre s’est déjà réchauffée de 1,1°C depuis le début de la révolution industrielle. ‘À l’heure actuelle, la température change 100 fois plus vite que lors de la dernière période glaciaire’, déclare Andrew Dessler, climatologue à l’université A&M du Texas et co-auteur de l’étude publiée dans Nature Climate Change.
Mais l’étude montre également que si nous prenons en compte la dynamique des systèmes naturels de la Terre, l’arrêt des émissions nettes entraînerait une diminution des niveaux de CO2 dans l’atmosphère grâce à l’énorme capacité d’absorption du carbone par les océans, les zones humides et les forêts. Le phénomène peut être comparé au fait de remplir d’eau un évier alors que le bouchon est en partie ouvert. Si le débit du robinet est fort, le niveau d’eau va augmenter. Mais si on réduit la quantité d’eau qui arrive dans l’évier, le niveau va baisser grâce à la fuite la fuite laissée par le bouchon.
Du travail à faire, mais beaucoup d’espoir
La diminution du CO2 atmosphérique dans un scénario d’émissions nettes ramenées à zéro permettrait un refroidissement suffisant pour que les températures mondiales restent relativement stables, selon l’étude. Il y aura toujours un réchauffement, mais celui-ci se poursuivra sur quelques décennies et pas pendant des centaines, voire des milliers d’années. À noter: un scénario d’émissions nettes à zéro est encore très loin d’être atteint, les engagements pris n’ayant pas encore été mis en œuvre dans la pratique. Au contraire, pour l’instant – à part une baisse pendant la crise du coronavirus – nous émettons toujours de plus en plus de gaz à effet de serre.
Mais l’étude est considérée comme très importante car elle montre qu’un changement climatique catastrophique peut encore être évité. ‘Si nous passons à zéro émission au niveau mondial, la température de surface cessera de grimper et se stabilisera d’ici quelques décennies’, affirme Michael Mann, un climatologue très influent de l’université d’État de Pennsylvanie. ‘Ce que cela signifie concrètement, c’est que nos actions ont un impact direct et immédiat sur le réchauffement climatique. Cela nous donne la liberté de choix, et c’est pourquoi il est si important de communiquer sur cette meilleure compréhension scientifique.’