Les relations ne sont pas au beau fixe entre la Chine et l’Australie. Si les rapports entre les deux nations ont toujours été quelque peu glaciales, la situation s’est rapidement détériorée après que le Premier ministre australien Scott Morrison ait demandé en avril l’ouverture d’une enquête internationale sur les ‘origines’ (donc les causes) de la pandémie du Coronavirus. La semaine dernière, l’Australie et le Japon ont également conclu un accord de principe sur un Pacte de défense, ce qui n’a pas du tout plu à la Chine…
En avril dernier, le gouvernement chinois s’est vu ‘froissé’ par la demande australienne. Il avait alors qualifié la requête de Scott Morrison de ‘manipulation politique’. La Chine, considérée comme le foyer de l’épidémie, avait même durci sa politique pour les exportations australiennes.
L’Australie tente pourtant de se montrer conciliante. Lors d’une interview accordée aux médias australiens qui a été publiée dimanche dernier, le ministre du Commerce Simon Birmingham a déclaré que ‘la balle [était] désormais dans le camp de la Chine’. Il a également ajouté qu’il espérait que la signature du projet de libre-échange de la semaine dernière (RCEP) aiderait les deux gouvernements à résoudre leurs conflits.
Ce Partenariat régional économique global (RCEP) devient l’accord commercial le plus important du monde en termes de Produit intérieur brut, selon des analystes, et concernera plus de 2 milliards d’habitants. Il vise à créer une gigantesque zone de libre-échange entre les 10 états de l’Asean (Indonésie, Thaïlande, Singapour, Malaisie, Philippines, Vietnam, Birmanie, Cambodge, Laos et Brunei), la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
‘Pas de trêve en vue‘
Mais le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, ne l’entend pas de la sorte…Mardi dernier, lors d’une conférence de presse donnée à Pékin, il a clairement indiqué qu’il n’y avait ‘pas de trêve en vue’. Zhao Lijian a déclaré que le gouvernement chinois n’était pas responsable du fait que les relations entre l’Australie et la Chine se soient envenimées.
‘Ils ont pris une série de mauvaises décisions concernant la Chine, ce qui est à l’origine de leur enlisement dans cette situation difficile actuelle… La Chine n’est en aucun cas responsable de cette situation’, a-t-il déclaré. ‘Demander une enquête internationale, cela a sérieusement entravé la coopération internationale en matière de prévention et de contrôle des pandémies’, a-t-il ajouté.
Le porte-parole a aussi dénoncé les tentatives de l’Australie de réprimer les prétendues ingérences étrangères dans sa politique intérieure. Il a également fustigé l’Australie pour ses commentaires répétés dans lesquels elle accusait la Chine de violer des droits de l’homme.
De son côté, le ministre Simon Birmingham a déclaré qu’il souhaitait qu’une ‘relation mutuellement bénéfique’ avec la Chine soit instaurée. ‘Mais cela ne signifie pas que nous ferons le moindre compromis en termes de valeurs, de sécurité ou d’intérêts. Cela signifie simplement que la porte reste ouverte’, a-t-il déclaré.
Un traité historique entre l’Australie et le Japon
Les commentaires de Zhao Lijian ont été formulés après que l’Australie et le Japon aient validé un accord de principe sur un Pacte de défense historique entre les deux pays, qui devrait être finalisé dans le courant de l’année prochaine. La réunion a eu lieu la semaine dernière à Tokyo entre le Premier ministre Scott Morrison et le dirigeant japonais, Yoshihide Suga.
Pékin a alors averti l’Australie et le Japon qu’ils ‘paieraient un prix fort’ (comprendre, que les représailles seraient fortes) si leur Pacte de défense menaçait la sécurité de la Chine.
Scott Morrison a cherché à éviter une éventuelle réaction de la Chine, en déclarant que l’accord de principe montrait ‘une évolution significative’ des relations entre Canberra et Tokyo en expliquant qu’ il n’y avait ‘aucune raison que cela suscite des inquiétudes ailleurs dans la région’.
Mais les échos ne sont pas les mêmes dans les médias. Le Global Times a fait valoir que l’accord fournissait ‘un levier aux États-Unis pour diviser l’Asie’ et que le Japon et l’Australie avaient ‘imprudemment lancé une coopération de défense approfondie pour viser une tierce partie’, la Chine…
Le journal a aussi déclaré que Pékin ne resterait probablement pas ‘indifférent aux initiatives américaines qui visaient à liguer plusieurs pays contre la Chine’ et que Pékin prendrait inévitablement des contre-mesures sous une forme ou une autre.
Cet accord vient s’ajouter à une série de mesures prises par l’Australie et le Japon pour approfondir leurs liens militaires. Le gouvernement chinois ayant doublé ses revendications territoriales dans les mers de Chine orientale et méridionale, et intensifié son déploiement militaire à Taïwan.