L’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) dresse un rapport alarmant: l’installation de bornes de recharge publiques ne suit pas la croissance galopante des ventes de voitures électriques. Ce qui pourrait bientôt freiner les acheteurs.
Dans l’Union européenne, les ventes de voitures électriques ou hybrides rechargeables ne cessent de croître. Sur les trois dernières années, l’ACEA a constaté une augmentation de 110%. En 2019, 3% des voitures vendues dans l’UE étaient électriques ou hydrides rechargeables (459.000, +2,4 points depuis 2014) et 5,9% étaient d’autres types d’hybrides (897.000, +4,5 points).
Mais l’ACEA pointe du doigt un problème qui commence sérieusement à l’inquiéter. Sur les trois dernières années, l’augmentation du nombre de bornes de recharges disponibles en UE n’a été que de 58%. Un peu moins de 200.000 bornes publiques sont en place actuellement sur les voies publiques européennes.
Les craintes de l’ACEA
‘C’est potentiellement très dangereux. Si les consommateurs estiment qu’il n’y a pas assez de points de recharge sur les routes qu’ils doivent emprunter ou qu’ils craignent de devoir faire la queue trop longtemps pour accéder à une borne de recharge rapide, nous pourrions bientôt atteindre un point qui verra la croissance des ventes de véhicules électriques s’arrêter’, avertit le directeur général de l’ACEA, Eric-Mark Huitema.
Si l’ACEA s’inquiète du manque global de bornes de recharge, elle tient également à signaler que la proportion de bornes de recharge rapide (au-dessus des 22 kW) est bien trop faible. Dans l’UE, à peine 1 borne sur 7 est dotée d’une telle puissance.
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Quels sont les pays à la traîne ?
Autre problème soulevé par l’ACEA, la répartition des bornes de recharge publiques à travers l’Europe est bien trop inégale. Les Pays-Bas (leaders en la matière), l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni rassemblent plus de 75% des bornes de recharge de toute l’Union. Or, ces quatre pays ne représentent que 27% de sa superficie.
Le pays le moins bien desservi est Chypre, qui ne compte que… 38 points de recharge sur son territoire. Ce qui est plus de 1.000 fois moins que les Pays-Bas. Dans le bas du classement, on retrouve la Grèce (61) et Malte (102).
Actuellement, nos voisins français disposent d’environ 30.000 bornes de recharge publiques. Cela donne un ratio d’environ 1 borne pour 11 véhicules électriques. La réglementation européenne recommande une borne pour dix voitures. Pour s’y conformer (et même aller au-delà de cette proportion), le gouvernement français vise les 100.000 bornes de recharge publiques pour la fin de l’année prochaine.
Quid de la Belgique ?
La Belgique ne se situe pas en queue de peloton, mais elle ne fait pas non plus partie du gratin européen. On recense près de 23.000 véhicules électriques et un peu plus de 51.000 voitures hybrides rechargeables au sein du parc automobile belge.
L’Observatoire européen des carburants alternatifs (EAFO) dénombre chez nous 8.200 bornes de recharge publiques. Nous en sommes donc à environ 1 borne pour 9 véhicules, ce qui, théoriquement, est suffisant. Mais ça risque de ne bientôt plus l’être, étant donné que, chez nous aussi, le marché semble croître plus vite que l’installation de nouvelles bornes. En 2019, on a constaté une augmentation des ventes de voitures électriques de l’ordre de 55%.
Quand on sait que le gouvernement en place ambitionne que toutes les voitures de société soient neutres en carbone pour 2026, on comprend que la Belgique va devoir consentir à d’importants efforts pour augmenter rapidement et considérablement le nombre de ses bornes de recharge publiques.