Le projet de péage urbain sur lequel planche actuellement la Région bruxelloise suscite de nombreuses critiques. Notamment du ministre wallon de l’Economie, Willy Borsus (MR), qui déplore une ‘démarche non concertée qui renvoie la facture aux navetteurs, aux PME et aux indépendants des autres Régions’.
La Région bruxelloise lancera SmartMove, un péage pour les conducteurs entrant dans Bruxelles, à partir de 2022.
‘Il est clair que chaque Région doit réfléchir à sa transition énergétique, notamment en mettant en place des alternatives sérieuses en termes de mobilité, en termes d’intermodalité…’, avance Willy Borsus dans un communiqué publié jeudi soir. ‘Mais il est hors de question de reporter la charge fiscale sur les autres Régions’, prévient-il, ajoutant que ‘les alternatives doivent être en place et opérationnelles avant le prélèvement fiscal’.
Selon le ministre wallon de l’Economie, un péage urbain à Bruxelles impacterait lourdement les 130.000 Wallonnes et Wallons qui se rendent quotidiennement à Bruxelles pour y travailler, mais également les étudiants, les PME et les indépendants.
Il rappelle par ailleurs que ‘toute action d’une Région dont la mise en œuvre est susceptible de causer un dommage à une autre Région doit passer par un accord de coopération interrégional et par conséquent une concertation entre les Régions’.
Et Willy Borusus de conclure qu’une ‘démarche aussi unilatérale est vouée à l’échec’.
‘Le péage urbain à Bruxelles est une hausse de taxes unilatérale pour les navetteurs’
L’organisation entrepreneuriale Voka Metropolitan ne voit pas non plus le projet d’un bon œil. ‘Ce péage urbain à Bruxelles n’est vraiment pas bien pensé, il contient une partie fixe trop élevée.’
Selon l’organisation, le bilan sera désastreux tant pour le navetteur que pour Bruxelles. ‘Pour le navetteur, il s’agit d’une augmentation unilatérale des taxes, alors qu’il n’y a pas suffisamment d’alternatives disponibles’, estime Voka Metropolitan. ‘Comme les navetteurs voudront l’éviter, ce sera aussi l’économie bruxelloise qui en souffrira.’
Voka Metropolitan appelle le gouvernement bruxellois à travailler d’abord à l’amélioration de l’accessibilité de Bruxelles avant de se lancer dans une taxe kilométrique intelligente. ‘Accélérez une série de chantiers prévus en collaboration avec les autorités flamandes et fédérales’, appelle l’organisation.
Inégalités entre automobilistes belges
Les organisations sectorielles Febiac-Traxio-Renta évoquent pour leur part une nouvelle taxe qui ne trouvera pas de soutien auprès de la population.
Tout comme le Voka, le trio dénonce le fait qu’il y a peu, voire pas du tout d’alternatives pour le navetteur qui se rend en voiture à Bruxelles.
Febiac-Traxio-Renta parlent également d’une taxe discriminatoire. ‘Les résidents de Bruxelles ne devront plus payer de taxe d’immatriculation ni de taxe de circulation mais les Flamands et les Wallons – certainement ceux qui se rendent à Bruxelles pour leur travail – devront passer deux fois à la caisse: une fois pour la taxe d’immatriculation et la taxe de circulation dans leur propre région et une autre fois pour le péage à Bruxelles.’
‘Seuls ceux qui en ont les moyens pourront toujours se déplacer librement’
Touring enfin, estime que le péage urbain bruxellois risque d’encore plus isolé la capitale de la Flandre et de la Wallonie.
‘Nous ne comprenons pas que Bruxelles agisse de sa propre initiative, sans tenir compte des autres régions, et met ainsi un couteau sous la gorge politiquement contre les automobilistes et les navetteurs’, dit Touring qui juge ‘irresponsable, dans le contexte économique actuel, de punir l’usager de la route avec une taxe supplémentaire.’
Touring conclut en soulignant qu’avec un péage urbain, ‘seuls ceux qui en ont les moyens pourront toujours se déplacer librement ou se rendre au travail en voiture. Alors que nous devrions en fait renforcer le pouvoir d’achat au lieu de charger le consommateur d’une taxe forfaitaire supplémentaire.’
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