Le chef du Kremlin restera-t-il au pouvoir? C’est le principal enjeu du scrutin qui se tient depuis le 25 juin en Russie. Le vote du référendum pourrait permettre à Vladimir Poutine de garder ses fonctions jusqu’en 2036. D’après l’institut de sondage officiel, le président serait déjà en tête des votes.
Annoncé le 15 janvier par Vladimir Poutine, fixé au 22 avril, puis repoussé en raison de la crise du coronavirus, le vote populaire vise à amender la constitution et aborde des sujets essentiels. Si les résultats définitifs ne sont pas encore connus, il semblerait néanmoins que le chef du Kremlin soit en excellente position pour remporter la victoire.
Concrètement?
Cette semaine, le peuple russe s’est rendu aux urnes pour valider ou non un ensemble de réformes constitutionnelles, en ce compris un des points les plus importants dans le cadre de ce référendum: la possibilité pour le président d’effectuer deux mandats supplémentaires à compter de 2024. Cette mesure remet ‘le compteur des mandats’ de Vladimir Poutine à zéro, lui offrant ainsi la possibilité de rester au pouvoir jusqu’en 2036.
D’autres points de la réforme portent sur des dispositions socio-économiques, qui devraient notamment garantir le revenu minimum et une indexation des retraites. Les mariages entre personnes de même sexe devraient être interdits. Sera également rajoutée dans la constitution la notion de ‘foi de dieu’, qui fera directement référence à la mémoire des ancêtres russes, qui ont transmis ‘les idéaux de foi’ à la population. Dans un pays ou plus de 70% de la population s’identifie à l’Église orthodoxe, l’idée peut sembler séduisante.
Le projet, lancé par Vladimir Poutine au mois de janvier, a déjà été validé par les deux chambres du Parlement – à savoir la Douma d’État et le Conseil de la Fédération. La Cour constitutionnelle a également validé le texte en mars. Sont compris dans cette nouvelle constitution, plus de 200 amendements au document datant de 1993. Le gouvernement aurait également promis de nouvelles mesures pour affronter la récession économique à laquelle la Russie doit actuellement faire face, qui pourrait se chiffrer entre 4% et 10% pour 2020, d’après les experts. Il importe également de noter que ce suffrage se tient en amont de conséquences économiques liées à l’épidémie.
Se pose alors la question de la nécessité d’instaurer un vote si la constitution a déjà été validée au préalable. La Constitution révisée inclut également une nouvelle disposition, celle de la ‘consultation populaire’, qui apporte une certaine légitimité aux différentes mesures adoptées.
Un référendum démocratique?
D’après l’Institut de sondage officiel, Vladimir Poutine aurait d’ores et déjà remporté la victoire haut la main, avec 75% des voix. Au-delà des nombreuses campagnes d’affichage en faveur du président sur le bord des routes, on soupçonne également des fraudes sur les résultats des votes. En cause, le scrutin qui, en raison de la pandémie, s’est vu été étalé sur une semaine, les bureaux de vote s’étant multipliés. La population a également eu la possibilité de voter chez elle de façon électronique, pour respecter la distanciation sociale au maximum.
Mais peut-on vraiment parler de référendum? Si cela y ressemble fortement, il s’agit en réalité d’une simple consultation du peuple russe. Les règles ont été fixées par le Kremlin, le vote n’a aucun cadre légal et la présence d’observateurs n’est pas obligatoire.
Poutine au pouvoir jusqu’en 2036? Un premier élément de réponse dans quelques heures.