Plusieurs groupes de défense des droits civiques ont annoncé poursuivre en justice Donald Trump, le procureur général américain et tout un groupe de fonctionnaires fédéraux pour avoir gazé des manifestants pacifiques près de la Maison Blanche. Des manifestants que Trump qualifie ouvertement de ‘terroristes’.
Lundi, Donald Trump menaçait de déployer l’armée dans les rues des États-Unis pour réprimer les manifestations provoquées par la mort de George Floyd la semaine dernière. Pendant ce temps, la police dispersait des manifestants pacifiques à coup de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc sur une place près de la Maison Blanche. Une démonstration de force pour que Trump puisse ensuite traverser celle-ci et aller poser devant les photographes près de l’église d’en face, bible à la main. L’image a fait le tour des médias, et prend désormais une tournure inattendue.
L’Union américaine des libertés civiques (ACLU) et d’autres groupes de défense des droits civiques ont annoncé jeudi poursuivre Donald Trump, William Barr et d’autres fonctionnaires fédéraux pour l’agression de ces manifestants près de la Maison Blanche.
Ces poursuites sont intentées au nom de Black Lives Matter DC et de manifestants individuels. Elles accusent Trump et les autres fonctionnaires de ‘violer leurs droits constitutionnels et de se livrer à une conspiration illégale pour violer ces droits’, indique un communiqué de l’ACLU du district de Columbia.
‘Ce qui est arrivé à nos membres lundi soir, ici dans la capitale nationale, est un affront à tous nos droits’, a déclaré April Goggans de Black Lives Matter DC, la principale plaignante dans cette affaire, dans une citation fournie par l’ACLU. ‘La mort de George Floyd et de Breonna Taylor aux mains des policiers a ravivé la rage, la douleur et la profonde tristesse dont notre communauté a souffert pendant des générations. Nous ne serons pas réduits au silence par les gaz lacrymogènes et les balles en caoutchouc. Il est temps pour nous d’être entendus.’
Breonna Taylor, une ambulancière paramédicale de 26 ans, a été abattue par des policiers le 13 mars dernier alors qu’elle dormait chez elle. La police détenait un mandat de perquisition à son adresse, pensant y trouver un de ses anciens amis et dealer de drogue. Ils sont entrés en trombe chez elle à 1h du matin, sans s’annoncer. Pensant à un vol, son fiancé s’est emparée de sa propre arme (acquise légalement). La police a répliqué par une vingtaine de coups de feu.
Trump persiste et signe: ‘des terroristes’
D’autres poursuites pourraient également suivre. Ben Wizner, le directeur du projet ‘Speech, Privacy, and Technology’ de l’ACLU, a déclaré que des poursuites seraient engagées à travers les États-Unis, où ‘les forces de l’ordre armées répondent avec violence aux personnes qui protestent contre la brutalité policière’. ‘Le droit de manifester du premier amendement est attaqué, et nous ne laisserons pas cela sans réponse.’
Pas de quoi effrayer le président américain, sans véritable surprise. La police a déjà nié avoir utilisé des gaz lacrymogènes, tandis que la Maison Blanche conteste les rapports sur l’utilisation de balles en caoutchouc tirées sur les manifestants. La police des parcs américains a toutefois lancé une enquête après qu’un journaliste a été vu frappé par des forces de l’ordre.
Dans cette affaire, le président des États-Unis répète à qui veut l’entendre que les manifestants dispersés de force lundi soir n’étaient pas pacifiques. Une stratégie qu’il applique à l’échelle nationale, accusant les antifas d’être à l’origine des manifestations qui secouent tout le pays. Hier, Trump est allé encore plus loin dans ses allégations. Il a partagé sur Twitter une lettre qualifiant de ‘terroristes’ les manifestants pacifiques réprimés près de la Maison Blanche.
Cette lettre écrite par l’ancien avocat de Trump semble être une réponse adressée à James Mattis, l’ancien Secrétaire à la Défense des États-Unis. Ce dernier est sorti de son silence mercredi pour fustiger la réponse du Président aux manifestations, l’accusant d’essayer de ‘diviser’ l’Amérique.
‘Les faux manifestants près de Lafayette n’étaient pas pacifiques’, affirme la lettre de Dowd, sans citer aucune preuve. ‘Ce sont des terroristes qui utilisent des étudiants oisifs remplis de haine pour brûler et détruire. Ils abusaient et manquaient de respect envers la police alors que celle-ci préparait la zone pour le couvre-feu.’ Les témoignages et vidéo attestant du contraire affluent pourtant sur les réseaux sociaux.
Twitter frappe encore
Des réseaux sociaux qui semblent d’ailleurs toujours plus tourner le dos au Président, notamment son (ex-)canal d’expression favori. Vendredi, Twitter a désactivé sur sa plateforme une vidéo d’hommage à George Floyd qu’avait postée la campagne du président américain le 3 juin, en raison d’une plainte pour violation des droits d’auteur. Celle-ci reprenait près de 4 minutes de photos et vidéos des manifestations suite à la mort de Floyd, avec Trump parlant en arrière-plan. ‘Ce que nous voyons maintenant n’a rien à voir avec la justice ou la paix’, martèle la voix du président sur fond d’actes de violence, détournant une fois de plus l’attention des revendications des manifestants. Vous pouvez toujours la visionner sur Youtube.
‘Nous répondons aux plaintes valables en matière de droits d’auteur qui nous sont envoyées par un détenteur de droits d’auteur ou ses représentants autorisés’, a pour sa part commenté Twitter quant au retrait de la vidéo. Pour rappel, Donald Trump est en guerre ouverte avec le réseau social depuis qu’il a commencé à vérifier ses tweets en y apposant parfois une étiquette invitant au fact-checking. Twitter a également qualifié un de ses tweets sur les manifestations de Minneapolis de ‘glorification de la violence’, après que Trump ait averti que ‘quand le pillage commence, la fusillade [par les forces de l’ordre] commence’.
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