Coronavirus: la Suède était l’exemple à suivre… jusqu’à ce qu’elle ne le soit plus

La Suède est resté un outsider dans la communauté internationale pour sa gestion de crise. Son approche était très différente: les écoles, les cafés et les restaurants ont pu rester ouverts. Le pays comptait sur la responsabilité personnelle de ses citoyens pour respecter les quelque mesures sanitaires.

Malgré les critiques au début de l’épidémie, la Suède s’en sortait relativement bien sans confinement. Elle faisait même mieux que certains pays qui avaient imposé un confinement très strict. Début mai, l’OMS qualifiait la Suède de ‘modèle à suivre‘.

Une interview de l’épidémiologiste et conseiller de l’OMS, Johan Giesecke, a fait le tour du monde. La logique de confinement n’avait que peu de sens selon lui, et l’étude sur laquelle cette politique reposait ne lui semblait pas crédible. Son collègue britannique, Neil Ferguson, qui avait convaincu Boris Johnson de confiner la population, s’était finalement rallié à l’avis du Suédois en remarquant que la Suède avait finalement obtenu les mêmes résultats sans confinement.

Un bar à Stockholm utilisant des vitres pour séparer les clients. (Isopix)

Maisons de repos

Dans son entretien, Giesecke avait conseillé de protéger uniquement les personnes âgées et/ou vulnérables. Mais c’est là que les choses ont mal tourné en Suède. Car la moitié des victimes du coronavirus vivaient dans des maisons de repos.

Ces dernières semaines, le pays est sous le feu des critiques, surtout venant de ses propres citoyens. Sur plus de 10 millions d’habitants, 38.000 cas de covid-19 ont été confirmés et 4.400 personnes en sont décédées. La Suède est maintenant le pays le plus touché de la région scandinave. Le Danemark, la Finlande et la Norvège ont respectivement quatre, sept et neuf fois moins de décès par habitant que la Suède. A partir de la mi-juin, le Danemark et la Norvège rouvriront leurs frontières aux étrangers, exceptés pour les citoyens venant de Suède.

‘Giesecke n’arrêtait pas de dire comment la Suède avait la meilleure stratégie au monde. Alors je ne pouvais plus rester silencieuse. Être si fier d’une politique qui s’avère être en partie un échec va vraiment trop loin’, a déclaré Annika Linde dans le journal Trouw. Elle occupait le même poste que Giesecke, c’est-à-dire épidémiologiste d’Etat, entre 2005 et 2013.

Commission d’enquête

Lundi, sous la pression de l’opposition, le Premier ministre Stefan Löfven n’a eu d’autres choix que d’annoncer une commission d’enquête. Elle sera mise en place avant l’été. Löfven aurait voulu attendre encore un peu avant de la lancer. Il a peur que cela n’entrave la concertation avec les soins de santé. Mais les pressions des partis de gauche et de droite étaient bien trop fortes.

Le consensus qui avait uni le pays pendant les premières semaines de l’épidémie est bien loin maintenant. La commission enquêtera sur ce qui aurait pu être fait différemment. La politique suédoise a ses avantages: le maintien des cursus scolaire et une économie moins fragilisée. Mais le nombre de morts continue chaque jour d’augmenter. Le taux de mortalité du coronavirus par habitant est maintenant l’un des plus hauts au monde.

La commission d’enquête cherchera entre autres à expliquer pourquoi autant de personnes sont décédées en maison de repos sans avoir pu être soignées à l’hôpital.

Plus