C’est un fait: le confinement a permis à la terre de souffler. Pour le mois d’avril, on parle d’une baisse journalière moyenne de 17% des émissions mondiales de CO2. Serait-ce la solution pour atteindre nos objectifs climatiques ?
Au plus fort du confinement, les émissions de dioxyde de carbone ont diminué de plus d’un quart dans le monde par rapport à la même période en 2019. C’est un constat assez optimiste que révèle une étude publiée dans Nature Climate Change.
Toutefois, partout dans le monde, l’activité économique reprend. Et avec elle, les émissions de CO2. La baisse d’émission de CO2 ne sera plus aussi impressionnante à la fin de l’année.
Selon les chercheurs qui ont mené l’étude, un retour à la normale à la mi-juin impliquerait une diminution annuelle du CO2 de 4%. Au mieux, si certaines restrictions dues au coronavirus perdurent jusqu’à la fin de l’année, la baisse ne sera en moyenne que de 7%.
Un confinement par an
Une baisse de 4%, c’est du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais cela n’aura finalement qu’un effet négligeable sur le réchauffement climatique. Car pour réussir à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, et atteindre nos objectifs climatiques, il faudrait une baisse annuelle des émissions d’environ 4% à 7% année après année pendant les prochaines décennies, expliquent les chercheurs. Ce qui représenterait au final un confinement par an jusqu’au moins 2030.
Toutefois, il faut bien se rendre compte que se confiner chaque année n’est pas une solution viable à long terme. Tout d’abord, à cause de l’impact économique. De nombreuses entreprises ont déjà du mal à survivre à un confinement. Impensable de ralentir l’économie chaque année comme on a pu le connaitre ces deux derniers mois. Les plans de relance des États et le soutien du chômage temporaire ne sont pas viables sur le long terme. Beaucoup se demandent déjà comment on pourra trouver l’argent nécessaire pour cette pandémie. 1.000 milliards pour l’Europe, jusqu’à 2.500 milliards pour aux États-Unis. La planche à billets fonctionne, mais l’argent ne tombe pas du ciel.
En plus d’un impact social énorme. La population souffre énormément de devoir rester chez elle, sans voir les amis et la famille. Les contacts sociaux sont essentiels pour les humains. Ils seront aussi privés de loisirs en extérieur. Cela aura des effets directs sur la santé mentale et physique, ce qui engendre également des coûts.
Le court terme et le long terme se percutent. Les objectifs à long terme pour le climat ne peuvent se réaliser sur le court terme d’un lockdown généralisé chaque année. Outre son effet sur l’économie et la santé, la population ne l’accepterait tout simplement pas.
Solutions structurelles
Il faut plutôt mettre en place des solutions qui modifient des actions de la vie quotidienne sans les supprimer. Pour les chercheurs, des changements structurels dans le système économique, énergétique et du transport sont nécessaires.
Les auteurs de l’étude proposent surtout de s’attaquer aux transports. Le trafic routier représente près de la moitié de la baisse d’émissions pendant le confinement. Pour eux, il faut, par exemple, promouvoir les alternatives comme la marche ou le vélo dans les grandes villes.
Toutefois, les 13 scientifiques qui ont participé à cette étude redoutent que, pour des raisons économiques, les programmes climatiques ne soient reportés à plus tard. La prise en compte de ces enjeux dans la réponse à la pandémie de covid-19 est susceptible d’influencer la trajectoire des émissions de CO2 pour les décennies à venir. Le fameux long terme.