Avec le sauvetage de Brussels Airlines, ce n’est pas seulement la survie de la compagnie aérienne qui est en jeu. Le ‘home carrier’ est un levier important pour les ambitions intercontinentales de Brussels Airport.
Le patron de la Lufthansa, Carsten Spohr, est attendu vendredi à la rue de la Loi pour enfin clarifier ses intentions concernant sa filiale belge Brussels Airlines, qui a annoncé hier un plan visant à supprimer un millier d’emplois. L’État belge est prêt à mettre de l’argent sur la table pour maintenir Brussels Airlines à flot, mais les Allemands devront donner des garanties irréfutables que ce soutien belge ira bien aux activités de BA.
Les négociations sont difficiles, malgré la faiblesse financière de la Lufthansa. En effet, les Allemands dispose d’un atout important. Les décisions concernant Brussels Airlines sont non seulement décisives pour la compagnie aérienne, et ses 3.000 emplois qui resteront, mais également pour l’aéroport de Bruxelles National, qui a vu son trafic passager s’effondrer de 98% en avril à cause des mesures pour lutter contre la pandémie de coronavirus.
2.000 emplois indirects menacés
Brussels Airlines représente 40% de l’activité de Zaventem. À court terme, on estime que la suppression de 1.000 emplois directs entraînera la disparition de 2.000 autres emplois indirects dans les entreprises partenaires de l’aéroport, comme les bagagistes et les entreprises de catering.
Mais le véritable enjeu de la confrontation entre Carsten Spohr et le gouvernement de Wilmès est l’avenir à long terme de l’aéroport de Bruxelles. Brussels Airlines offre des liaisons uniques vers l’Afrique et est membre de Star Alliance, la plus grande alliance aérienne au monde. Si son transporteur local devait disparaître, l’écosystème intercontinental de Zaventem en souffrirait.
Connectivité
‘Brussels Airlines est importante pour la connectivité de l’aéroport et de la Belgique’, a déclaré Arnaud Feist, directeur général de l’aéroport de Bruxelles, mercredi matin à Bel RTL. ‘Grâce à Brussels Airlines, nous sommes en mesure d’attirer des transporteurs étrangers pour qu’ils assurent la correspondance de leurs vols.’
M. Feist ne voit pas l’intérêt de scénarios alternatifs, comme celui qui verrait un retrait de Brussels Airlines de Lufthansa par le biais d’une nationalisation. Zaventem se retrouverait projeté près de vingt ans en arrière avec la faillite de la Sabena, l’ancêtre de Brussels Airlines. La Sabena avait ressuscité en 2002 en tant que SN Brussels Airlines, beaucoup plus petite, et avec une offre de vols européens limitée. Et ce, alors que l’aéroport de Bruxelles avait toujours l’ambition d’être un hub intercontinental, avec des connexions vers les États-Unis, l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient.
Cependant, tout cela ne signifie pas que l’État belge doit mettre de l’argent sur la table sans condition, estime M. Feist. ‘C’est avant tout la Lufthansa que doit sauver Brussels Airlines. Lufthansa est son unique actionnaire’.