La Russie risque de connaître une importante crise économique et sanitaire à cause du coronavirus. Et Vladimir Poutine pourrait en être le bouc émissaire tout désigné par la population.
Alors que mi-mars elle se disait encore hors d’atteinte, la Russie connait à son tour une épidémie de covid-19 dans son pays. Près de 40.000 cas positifs ont été déclarés en deux semaines. Le pays n’a toutefois annoncé ‘que’ 405 décès. Mais ce nombre semble sous-estimé. La superficie du pays et la méthode de comptage ne permettraient pas d’avoir une vision complète de la situation, selon plusieurs experts interrogés par la CNBC.
Début avril, le Président Vladimir Poutine a décrété un mois de chômage entièrement rémunéré pour les travailleurs russe, afin de limiter la propagation du virus. Le lockdown de Moscou est devenu obligatoire quelques jours plus tard. Bars, restaurants et magasins non essentiels ont été priés de fermer leurs portes. Le défilé du 9 mai, jour de la Victoire en Russie, a même été annulé.
Coupable tout désigné
Pour garder son image de ‘sauveur de la nation’, Vladimir Poutine a préféré déléguer les décisions. Ce sont donc les gouvernements régionaux qui doivent décider des mesures confinement, potentiellement impopulaires dans le pays. Selon les experts, il semble adopter une politique où il intervient le moins possible. Certains pouvoirs lui appartiennent toujours. Il a par exemple augmenté le montant du fond alloué aux régions pour les aider dans la lutte contre le virus, ce qui montre au final son accord avec les mesures locales.
De plus, la crise va faire apparaître des dysfonctionnements dans la gestion de la Russie. Par exemple, le système de santé, sous-financé depuis de nombreuses années, peut ne pas savoir faire face à la crise. Et ça, le peuple le verra. La faute sera directement imputée au Président.
Au niveau économique, les prévisions ne sont pas bonnes. Timothy Ash, expert des marchés émergents pour Bluebay Asset Management, pense que la Russie va connaitre un effondrement économique beaucoup plus important que prévu, à cause de la crise du coronavirus et la baisse du prix du pétrole. La Banque de Russie a d’ailleurs annoncé la semaine dernière une contraction de l’économie. Elle pourrait aussi baisser son taux directeur de 6%.
L’absence d’anticipation et les mesures prises en retard pourraient impacter directement l’image de ‘garant de la stabilité’ que conserve Poutine depuis de nombreuses années.
Si l’évolution de l’épidémie montre que les mesures d’endiguement ont été prises trop tard, la Russie pourrait connaitre une forte augmentation du chômage et une véritable crise sanitaire, selon Daragh McDowell, expert russe travaillant pour Verisk Maplecroft. ‘Il sera difficile pour le Kremlin de surmonter cela, car cela sape beaucoup de ses justifications expliquant pourquoi le parti devrait être au sommet du pouvoir’, explique l’expert.