Le Venezuela est au bord de l’implosion. Dans ce pays disposant des plus grandes réserves de pétrole, la classe moyenne peut encore s’en sortir, mais les pauvres ont faim.
Des rayons vides dans les supermarchés, de longues files devant les magasins qui offrent peu de choses à acheter, des centrales électriques qui ne fournissent de l’électricité que quelques heures par jour… Après quinze ans de « chavisme » bolivarien, le pays est tout à fait pillé par ses leaders locaux. La baisse des revenus provenant du pétrole et la sécheresse persistante se sont chargés du reste.
L’armée
De grands secteurs de l’économie sont aux mains de l’armée. En 1993, le pays comptait à peine 50 généraux, maintenant, il y en a 4.000. Des dizaines d’entreprises militaires ont vu le jour depuis l’arrivée de Maduro. Le pouvoir de l’armée dans le pays est énorme : des militaires retraités ou en activité sont à la tête d’un tiers des ministères et ils gouvernent la moitié des 23 provinces. Ces militaires sont à peine été concernés par la crise, ils s’octroient des hausses de salaires importants et ont un accès privilégié à l’alimentation et au marché immobilier. Les militaires peuvent mettre la main sur des contrats juteux, contrôlent le marché des devises et vendent du pétrole bon marché à des prix cassés aux pays voisins.
En d’autres termes, il fait bon vivre dans la République bolivarienne du Venezuela tant que l’on est proche de l’armée ou de la direction du Partido Socialista Unido de Venezuela (PSUV).
Le Vénézuélien moyen par contre est préoccupé par les heures qu’il passe à se procurer les produits de base comme du lait ou du papier hygiénique.
Relojes del Chavismo
Toute une colonie de chavistes a fui le pays et vit maintenant royalement à El Doral, une banlieue de la flamboyante Miami. Ceux qui sont restés ont reçu l’ordre de pas trop étaler leur richesse parce que celle-ci ne cadre pas avec les idées révolutionnaires de l’ancien président Hugo Chavez. Ce n’est pas pour rien que l’actuel président Maduro porte souvent un training.
Cependant, ces manœuvres n’ont pas échappé au blog « Relojes del Chavismo » tenu par un opposant au régime qui a commencé, après les manifestations anti-régime de 2014, à poster des photos de montres que les dirigeants arboraient à leur poignet.
Il s’agit de ministres, de dirigeants de l’armée, de hauts fonctionnaires ou de personnes haut placées ou de membres de leurs familles, tous appréciés du régime. Pour accentuer le contraste entre ce que ces socialistes affirment et ce qu’ils font, le prix des montres en question est aussi indiqué.
Rolex, Audemars Piguet, IWC…
Le ministre Miguel Rodriguez Torres porte une Audemars Piguet Royal Oak dont le prix est de 25.700 dollars.
Le ministre Vladimir Padrino Lopez a été photographié avec au poignet une IWC Pilot’s Watch Chronograph Top Gun Miramar, prix 11.900 dollars. Winston Vanellina, président de la télévision d’Etat, a été filmé avec une Rolex Watch Master de 12.600 dollars.
Tout comme le vin, les hommes politiques vénézuéliens bonifient avec le temps et coûtent plus cher. José Vicente Rangel était vice-président d’Hugo Chavez, ministre de la Défense et des Affaires Etrangères. Sa Rolex Oyster Perpetual Cosmograph Daytona, en or aux reflets roses ne vaut que la bagatelle de 28.800 dollars.
Avec son salaire actuel, le Vénézuélien moyen aurait besoin de 80 ans pour se payer une montre de ce genre, sans compter l’inflation galopante dans le pays (121% en 2015, avec une prévision d’une hausse de 700% cette année).
Petite consolation : aussi coûteuses et blinquantes que soient les montres de l’élite vénézuélienne, le temps de cette dernière semble être compté…