La Chine a développé une application permettant d’identifier les citoyens endettés. L’application « Deadbeat Map » fonctionne avec WeChat, le service de médias sociaux populaire en Chine. Selon les concepteurs, cette application est capable de localiser les mauvais payeurs dans un rayon à moins de 500 mètres du téléphone.
L’application a été développée par des experts du tribunal de la province d’Hebei qui entoure Pékin. Son objectif est de faire honte aux personnes qui n’ont pas honoré leurs dettes. Cette campagne a fait ses début avant le nouvel an chinois. Durant cette période, les personnes sont censées s’être débarrassé de leurs dettes pour commencer l’année en beauté.
Pression
« L’application met les débiteurs sous les projecteurs de leur cercle social. Elle aidera le tribunal à résoudre le problème d’exécution », a précisé un porte-parole du tribunal. Le tribunal veut tirer parti de la pression exercée par la société et par les personnes qui connaissent les débiteurs.
Pour l’instant, l’application ne fonctionne que pour les revendications reconnues par le tribunal d’Hebei. Toutefois cette initiative fait partie d’une série d’innovations chinoises qui ont suscité des inquiétudes quant à l’utilisation dystopique de la technologie. Des caméras omniprésentes à la surveillance des médias sociaux et à la mise en place d’un système de crédit social destiné à évaluer le comportement des citoyens, la Chine est devenue un terrain d’essai pour les nouvelles technologies permettant aux États de contrôler leurs citoyens.
Tests
Selon les médias chinois, cette application incitera les lanceurs d’alerte à dénoncer les mauvais payeurs qui ont la capacité de payer. Cependant, des tests menés par le Financial Times ont montré que l’application n’était finalement pas si puissante.
Mais l’application a révélé suffisamment d’informations pour embarrasser quiconque se trouvant dans sa base de données. « Deadbeat Map » a pu ainsi afficher le nom complet, le numéro d’identification et une partie des adresses résidentielles des personnes ayant perdu un procès devant un tribunal civil de la province d’Hebei.
On en sait pas encore pour l’heure quelles seront les autres fonctionnalités de l’application. Il n’est clair si tous les débiteurs figureront dans la base de données.
Philip Liu, expert des défis numériques à l’Université de Beijing, estime que la base de données des débiteurs devrait être accessible aux fonctionnaires des tribunaux et à la police, mais pas au grand public. Selon lui, la Chine utilise les technologies innovantes de deux manières. Il existe dans le pays une contre-tendance en cours de développement visant à protéger les données personnelles et la vie privée.