Dans plus d’une entreprise japonaise sur cinq, les travailleurs prestent 80 heures supplémentaires par mois, indique un rapport du gouvernement japonais sur la charge de travail dans l’économie nationale auprès de plus de 1.700 entreprises et de 2.000 travailleurs.
Selon cette enquête, 23% des entreprises interrogées admettent qu’un certain nombre de leurs travailleurs réalisent plus de 80 heures supplémentaires par mois. Pour 11% des entreprises, les travailleurs prestent entre 80 et 100 heures supplémentaires et, pour 12% d’entre-elles, on atteint même plus de 100 heures supplémentaires par mois.
Le Japon est connu pour le poids important de sa charge de travail. Cela a même conduit il y a plus de trois décennies à la reconnaissance officielle du phénomène karoshi, une situation où l’excès d’heures supplémentaires donne lieu à des décès, notamment à cause d’accidents de travail ou de suicides.
Des chiffres du ministère japonais du Travail et du Bien-être, il ressort que l’an dernier, 93 suicides ont été reconnus comme accidents du travail, mais selon les scientifiques, cette statistique n’est que la partie visible de l’iceberg. En réalité, selon l’Agence nationale de police japonaise, il s’agirait de centaines de suicides par an.
Engagement
Les enquêteurs soulignent que le problème des heures supplémentaires excessives et le karoshi sont souvent sous-estimés ou ignorés par les entreprises. Selon eux, moins de 20% des entreprises concernées ont participé à une enquête sur les décès survenus.
« Les entreprises et le gouvernement ne tiennent pas à informer les travailleurs sur les possibilités de faire respecter les droits du travail », affirme Koichi Nakano, professeur de sciences politiques à l’université Sophia de Tokyo. « De longues heures de travail sont encore considérées comme la preuve d’un engagement et de fidélité à l’égard de l’entreprise. »
L’enquête indique que 21% des travailleurs japonais ont une semaine de travail d’au moins 49 heures, contre 16% aux Etats-Unis et 12,5% au Royaume-Uni.