Alors que durant des décennies, les entreprises s’efforçaient de recruter les employés les plus équilibrés et les plus diplômés, The Economist indique que l’on assiste à une nouvelle tendance : l’attirance de plus en plus grande pour les personnalités hors normes. Les créatifs, les rebelles et les excentriques sont maintenant recherchés dans toutes sortes de domaines, tandis que les psychopathes sont particulièrement représentés à Wall Street.
Les recruteurs ont fait le lien entre les qualités qui font les meilleurs programmeurs, et le syndrome d’Asperger, telle que l’obsession pour un sujet particulier, l’attirance pour les chiffres, les modèles et les machines, et que les tâches répétitives ne rebutent pas. Le magazine Wired avait même parlé d’un « Syndrome du geek », et Peter Thiel, l’un des premiers investisseurs dans Facebook, avait dit au New Yorker que ses dirigeants étaient « autistes » en quelque sorte. Un ex-employé de Facebook, Yishan Wong, avait d’ailleurs écrit que Mark Zuckerberg, le fondateur, avait une « touche d’Asperger », parce qu’il ne réagissait pas lorsqu’il écoutait quelqu’un. Les firmes financières s’intéressent aussi à ces profils pour travailler dans les salles de marché ou à la gestion des hedge funds.
Beaucoup de chefs d’entreprises présentent aussi des singularités mentales. En particulier, ils sont étonnamment souvent dyslexiques. Lors d’une enquête menée au sein d’un groupe de chefs d’entreprises, Julie Login de la Cass Business School avait trouvé que 35% d’entre eux étaient dyslexiques, alors que les dyslexiques ne représentent que 10% de la population normale, et seulement 1% des gestionnaires. Les fondateurs de Ford, General Electric, IBM et Ikea sont dyslexiques, tout comme l’est Richard Branson, le fondateur de l’empire Virgin, John Chambers de Cisco, et comme l’était Steve Jobs, le créateur d’Apple. Les dyslexiques, qui ont des difficultés à la lecture, apprennent vite à déléguer, ce qui les prépare à la direction d’entreprise.
D’autres chefs d’entreprises manifestent un trouble déficitaire de l’attention (TDA), et selon certaines études, les personnes atteintes de ce trouble seraient 6 fois plus enclines que les autres à créer leur entreprise. L’une d’entre elles, David Neeleman, fondateur d’une compagnie aérienne low-cost, JetBlue, explique qu’il recherche constamment les améliorations et que si ce trouble est à l’origine de sa tendance à procrastiner, et de son incapacité à se concentrer, il l’a aussi doté de créativité et du goût du risque.
Quel avenir pour ceux qui ne présentent pas ces particularités ? Ils peuvent se rassurer. Les sociétés qui recrutent ces génies ont aussi besoin de gestionnaires plus rationnels pour travailler avec eux, réaliser les tâches plus banales, et s’occuper des clients, ce qui n’est pas le fort de ces personnalités.