Il y a deux ans, l’Arabie saoudite a annoncé son intention de construire une nouvelle ville le long de la côte de la mer Rouge. Selon le très controversé prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, Neom devait devenir le prototype de la nouvelle génération de villes. Le projet devait devenir un pionnier mondial dans le domaine du développement technologique et des énergies renouvelables, entre autres.
Le journal américain Wall Street Journal a pu se procurer 2300 pages de documents confidentiels sur Neom. Ces documents proviennent d’un groupe de consultants, dont Boston Consulting Group et McKinsey. Ils devaient façonner le projet de telle sorte que celui-ci contribue à transformer le royaume en un État indépendant du pétrole.
Les documents décrivent une ville futuriste qui semble avoir été tirée de la série de dessins animés de science-fiction The Jetsons. Avec des taxis volants, des drones, des robots assistants, des équipements de reconnaissance faciale à intelligence artificielle (A.I.), de la pluie artificielle, une lune artificielle gigantesque qui illuminerait la ville la nuit,…. mais aussi toute une série de restaurants étoilés, une interdiction totale d’alcool et un parc jurassique avec des robots dinosaures.
Neom reliée à l’Afrique grâce à un pont sur la mer Rouge
Salmane veut également construire un pont sur la mer Rouge à Neom. Ce pont relierait la nouvelle ville à l’Egypte et au reste de l’Afrique. Une zone désertique de plus de 25 000 kilomètres carrés a été réservée au développement de la ville.
Mais le projet suscite parfois le malaise : les tribus locales – 20 000 personnes – seront déplacées, par la force si nécessaire. La charia régira la ville, avec des juges qui rapporteront directement au roi. Ou: « Ce doit être une ville entièrement automatique où nous pouvons tout voir, et où tout sera enregistré », écrit le conseil d’administration de Neom dans un document. On y lit également: « Une ville où un ordinateur détecte les délits sans qu’ils aient à être rapportés [par des gens] ». Ce type de technologie est principalement utilisé dans la province chinoise de Xinjang, bien que les Chinois l’aient déjà vendue à 18 pays.
La voie douteuse empruntée par les Saoudiens en matière de droits de l’homme ne dissuade apparemment pas les investisseurs occidentaux
Les États du Golfe se positionnent clairement en ‘early adopters’ (‘premiers à adopter’) les nouvelles technologies pour doper leur économie, attirer les investissements étrangers et impressionner les touristes. L’intelligence artificielle et les technologies intelligentes doivent être utilisées pour surveiller et contrôler en permanence la population. Le parcours discutable des Saoudiens en matière de droits de l’homme ne dissuade en aucun cas les investisseurs occidentaux, les consultants et le véhicule d’investissement japonais VisionFund. Ce n’est pas pour rien que les Saoudiens ont injecté 40 milliards d’euros dans VisionFund.
Un budget de 500 milliards de dollars financerait la construction de Neom. Le gouvernement saoudien, le fonds d’investissement saoudien et des investisseurs locaux et internationaux fourniraient les capitaux. Toutefois, l’investissement total risque de dépasser cette somme. Et certaines des technologies mentionnées dans les documents n’existent même pas.
Mais selon Nadhmi al Nasr, CEO de Neom, la construction est déjà en cours, avec pour objectif prioritaire l’aéroport et un centre de villégiature. On trouve déjà un palais dans lequel les services publics pourront s’installer.