A Singapour, Lee Kuan Yew est décédé à l’âge de 91. Il était considéré comme le père fondateur de l’une des économies les plus petites, mais les plus puissantes de l’Asie. Il sera remplacé par son fils, Lee Hsien Loong, qui est également l’actuel Premier ministre.
Que savons-nous sur Singapour?
1. Singapour s’appelle officiellement la République de Singapour, et compte tenu de sa superficie de 683 km², il s’agit du plus petit pays de l’Asie du Sud. Le pays englobe un total de 63 îles séparées de la Malaisie au Nord par le détroit de Johor, et de l’Indonésie au Sud par le détroit de Singapour.
2. Longtemps une colonie des Britanniques, Singapour a été conquise en 1942 par les Japonais. Ce capitulation a été appelée par Winston Churchill le «pire désastre » et « la plus grande capitulation » de l’histoire britannique. Mais l’occupation japonaise de Singapour n’aura été que de courte durée. En 1945, les Anglais ont repris possession de celle-ci. En 1959, les Britanniques ont dotée Singapour d’une autonomie gouvernementale, après quoi, en 1963, le pays a rejoint la Fédération de Malaisie. Deux ans plus tard, Singapour a été expulsée de la Fédération après de violents affrontements entre les Malais et la population chinoise. En 1965, Singapour est devenue une république indépendante, membre du Commonwealth britannique.
3. Depuis la colonisation britannique, Singapour, qui était un pays pauvre du tiers monde, a évolué pour devenir l’un des plus riches de la planète. Entre 1960 et 2011, le PIB par habitant de Singapour a crû par un facteur de 100 et aujourd’hui, il se monte à 55.000 dollars, le troisième plus élevé du monde derrière ceux du Luxembourg et du Qatar (chiffres FMI). La ville est considérée comme l’une des économies les plus avancées du monde à travers le monde, avec de fortes institutions publiques dénuées de toute corruption, un cas unique dans la région.
4. Singapour doit cette réussite pour une grande partie à Lee Kuan Yew, qui a transformé le pays en un centre financier asiatique, rivalisant avec Hong Kong. La ville-Etat tire 10% de son PIB de la finance. Toutefois, pendant ces années, Lee a dirigé le pays avec une main de fer. On l’accuse d’avoir pratiqué la censure, réduit les droits civils, fait subir des discriminations aux homosexuels et aux immigrants, et d’avoir maintenu pendant 50 ans une autocratie marquée par l’omniprésence de son parti politique, le Parti d’action populaire. Majoritaire depuis 1959, ce dernier occupe la quasi-totalité des 87 sièges au Parlement de Singapour. Il n’y a aucune liberté de la presse et les poursuites judiciaires contre les opposants et la presse sont quasiment quotidiennes. Dans les écoles et dans la société, la créativité est donc souvent difficile à trouver.
5. Comme même les plus petites infractions sont sévèrement punies, le pays jouit de l’un des plus faibles taux de criminalité du monde. La présence sévère de l’Etat se fait également sentir dans la vie quotidienne de chacun. Ainsi, les ventes de chewing-gum sont interdites et les coups de fouet s’appliquent encore sur toute une série d’infractions. En outre, le meurtre et le trafic de drogue sont passibles de la peine de mort.
6. La sécurité et la prospérité de Singapour attirent des masses d’immigrants dans le pays, qui à leur tour assurent la prospérité de l’économie. A Singapour, le taux de chômage évolue autour des 2%, mais comme près de 40% des résidents de cette ville-Etat sont nés en dehors de Singapour, on observe de plus en plus de tensions entre les habitants et les immigrés.
7. Lee Kuan Yew a également joué un rôle crucial dans le miracle économique de la Chine. Le dirigeant chinois Deng Xiaoping se disait lui-même grand admirateur de Lee et il affirmait qu’il avait été inspiré par son travail pour mettre en œuvre les réformes de marché dans son propre pays. Lee aurait donc indirectement permis à des centaines de millions de personnes d’échapper à la pauvreté et il serait à la base de l’une des plus grandes réussites économiques de l’histoire de l’humanité.
8. On ne sait pas exactement ce qui va se passer maintenant à Singapour. La famille Lee tient les rênes bien en main. Mais ainsi que dans d’autres pays d’Asie gouvernés par un parti unique ou par des militaires, comme la Chine, le Vietnam, la Malaisie, la Thaïlande, Singapour aura également des difficultés à stimuler l’innovation et à développer des modèles de croissance politiques. L’héritage de Lee peut être simplement qualifié de miracle, mais cela n’enlève rien au fait que son fils devra trouver de nouvelles inspirations pour perpétuer le rôle pionnier de Singapour en Asie.