Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, préparerait un méga-programme d’investissements visant à renforcer les infrastructures et l’industrie du royaume. Il serait question de la somme astronomique de 1600 milliards de riyals, soit l’équivalent d’environ 373 milliards d’euros.
Ce programme s’inscrirait dans le contexte de « Vision 2030 », le plus grand chantier de réforme de l’histoire moderne saoudienne que le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) a initié dès son entrée de fait au pouvoir en 2017 pour tenter de sortir son pays de sa trop grande dépendance à l’égard du pétrole. L’Arabie saoudite est en effet le plus grand exportateur de pétrole du monde, et cette année, les recettes pétrolières devraient encore atteindre 68 % du total des recettes publiques.
Des chemins de fer, des aéroports et des projets industriels
Le dernier rapport du Forum économique mondial sur la compétitivité mondiale classait l’Arabie saoudite 40e sur 140 en termes d’infrastructures.
Les investissements de ce programme seraient réalisés sur des projets ferroviaires, aéroportuaires et industriels exécutés d’ici 2030. Selon le ministre de l’énergie, Khalid Al-Falih, le royaume pourrait signer environ 70 accords d’une valeur de plus de 200 milliards de riyals (près de 47 milliards d’euros) dès ce lundi. D’après lui, les retombées sur l’économie pourraient avoisiner les 280 milliards d’euros dès 2030, c’est à dire près de la moitié du PIB actuel du pays. Il en attend la création de 11 nouveaux secteurs, de l’industrie spatiale à la biotechnologie, précise Boomberg.
Une situation économique tendue par la baisse des cours du pétrole
Ces projets sont les bienvenus compte tenu de la situation économique du pays. L’économie saoudienne s’est contractée en 2017, et le chômage atteint 12,9 % de la population. Après des mois de prix du pétrole en berne, le royaume est confronté à un gros déficit budgétaire, qui devrait culminer à 131 milliards de rials (environ 31 milliards d’euros) cette année, selon l’agence nationale SPA.
Malgré des dépenses publiques qui devraient encore augmenter cette année, la croissance qu’elles génèrent se ralentit, et la part de cette croissance liées aux activités non pétrolières ne devrait être « que » de 2,6 % en 2019, un rythme inférieur à ceux que le pays enregistrait avant la chute des cours du pétrole en 2014. La population est de plus en plus frustrée, et même si le royaume pratique la répression pour tuer dans l’œuf toute velléité de contestation, il ne peut pas se permettre d’ignorer les dificultés auxquelles la classe moyenne du pays est de plus en plus confrontée.