Le constructeur automobile américain Ford Motor a annoncé qu’il allait supprimer 7000 emplois d’ici le mois d’août. Ce sont surtout les cadres et les employés de bureau qui sont concernés. Les départs représentent environ 10 % des effectifs de « cols blancs ». Cette restructuration devrait lui permettre d’économiser 600 millions de dollars par an.
Le CEO de la firme, Jim Hackett, a annoncé la nouvelle dans un email adressé lundi aux employés de Ford. Près de 2300 postes supprimés le seront aux Etats-Unis, le reste concernera surtout les sites en Europe, en Chine et en Amérique du Sud. Selon un porte-parole, l’entreprise favorisera les départs volontaires, tout en concédant que des licenciements seront inévitables.
Seuls les cols blancs sont concernés
En outre, Hackett a précisé que les ouvriers ne seraient pas concernés par ces départs. En revanche, près de 20 % des postes de cadres supérieurs seront supprimés. « Pour réussir dans notre secteur concurrentiel et positionner Ford dans un avenir en mutation rapide, nous devons réduire la bureaucratie, responsabiliser les gestionnaires, accélérer la prise de décision, nous concentrer sur les activités à plus forte valeur ajoutée et réduire les coûts », explique le CEO dans son email.
La structure de coûts de Ford a considérablement augmenté ces dernières années, et le constructeur a constaté une baisse de sa rentabilité face à des concurrents tels que General Motors et Fiat-Chrysler. Il a également perdu des parts de marché dans un certain nombre de régions cruciales.
Un monde automobile en plein changement
Les ventes d’automobiles sur les plus grands marchés automobiles du monde (ceux des États-Unis, de l’Europe et de la Chine) commencent en effet à connaître une certaine accalmie après des années de forte croissance. Au cours des deux dernières années, les ventes de Ford en Chine se sont effondrées de 40 %. La gamme vieillissante de véhicules de Ford est également pointée du doigt.
En outre, le secteur automobile doit investir massivement dans les nouvelles technologies telles que la voiture électrique et la mobilité autonome. On assiste aussi au déclin du désir de posséder son propre véhicule, une tendance qui oblige les constructeurs à repenser leur business model. Parallèlement, les constructeurs automobiles doivent prendre en compte des réglementations plus strictes en matière d’émissions en Europe et en Chine.
M. Hackett a repris le gouvernail du constructeur américain N°2 en 2017, et il planche sur un plan de redressement qui, selon lui, rendra Ford plus agile face aux changements qui bouleversent le secteur automobile.
Ford rejoint ainsi la liste des constructeurs automobiles ayant décidé de s’engager dans une plan de suppressions massives d’emplois, après General Motors (8000 emplois l’année dernière) et Volkswagen AG (7000 emplois administratifs en mars de cette année). Au total, près de 30 000 emplois ont été supprimés dans le monde l’année dernière.
Communiquer pour éviter la panique
Les experts indiquent que cette annonce devrait renforcer l’attrait de Ford pour les investisseurs.
Néanmoins, les suppressions d’emplois n’amélioreront pas forcément la performance de la firme, affirme Peter Cappelli, professeur de gestion à la Wharton School de l’Université de Pennsylvanie. « Éliminer les managers est risqué, parce qu’ils sont généralement un outil précieux pour mettre en oeuvre des changement en interne. Ford devra aussi communiquer efficacement avec les employés restants pour expliquer qui doit partir, et pourquoi. Dans cette situation, si vous n’avez pas une explication crédible, tout le monde panique. »
Ford employait environ 199 000 personnes dans le monde à la fin de l’année dernière, soit 3 000 employés de moins qu’en 2017.