La capacité de réserve de l’OPEP et les tensions régionales : un test de résilience du marché


Principaux renseignements

  • L’OPEP dispose d’une capacité de réserve suffisante pour compenser un arrêt complet des exportations de pétrole iranien si Israël prenait ses installations pour cible.
  • Toutefois, l’organisation serait confrontée à des difficultés si l’Iran ripostait contre les installations des pays du Golfe, ce qui risquerait de réduire considérablement la capacité de réserve effective.
  • Un conflit plus large au Moyen-Orient, accompagné d’importantes perturbations de la production, pourrait entraîner une hausse des prix du pétrole et du coût des carburants.

L’OPEP dispose d’une capacité de réserve suffisante pour compenser un arrêt complet des exportations de pétrole iranien si Israël prenait ses installations pour cible. Toutefois, l’organisation serait confrontée à des difficultés si l’Iran ripostait contre les installations des pays du Golfe. Parmi les événements récents, on peut citer les centaines de missiles lancés par l’Iran en direction d’Israël en réponse aux attaques et aux frappes aériennes israéliennes. Alors que les tensions restent vives et que les menaces fusent de part et d’autre, l’OPEP+ dispose d’une capacité de réserve suffisante pour compenser potentiellement une perte de la production pétrolière iranienne.

L’OPEP+, qui comprend des membres de l’OPEP et des alliés comme la Russie et le Kazakhstan, met actuellement en œuvre des réductions de production pour soutenir les prix dans un contexte de faible demande mondiale. Cette stratégie réserve des millions de barils de capacité de réserve. On estime que l’Arabie saoudite est en mesure d’augmenter sa production de 3 millions de barils par jour, tandis que les Émirats arabes unis pourraient ajouter 1,4 million de barils par jour. Lors de leur récente réunion, les membres de l’OPEP+ ont discuté du respect des réductions de production existantes, mais n’ont pas abordé directement le conflit israélo-iranien.

Vulnérabilité régionale

Bien que l’OPEP ait la capacité d’absorber une perte potentielle de pétrole iranien, une part importante de cette capacité réside dans la région du Golfe au Moyen-Orient, ce qui la rend vulnérable à une escalade. Les analystes suggèrent que la capacité de réserve effective pourrait être réduite de manière significative si les attaques contre les infrastructures énergétiques dans la région s’intensifiaient. Dans un tel scénario, l’Occident pourrait envisager d’utiliser ses réserves stratégiques.

Israël s’est jusqu’à présent abstenu de cibler les installations pétrolières iraniennes, mais les experts estiment qu’il pourrait éventuellement frapper les sites de raffinage du pétrole iranien et le port pétrolier de l’île de Kharg, responsable d’environ 90 pour cent des exportations de brut du pays. Pendant la guerre Iran-Irak, dans les années 1980, l’Irak a fréquemment pris pour cible les pétroliers autour de l’île de Kharg et a menacé de détruire le terminal pétrolier.

Conflit élargi

Il est à craindre que l’Iran ou ses mandataires ne ciblent des opérations énergétiques dans d’autres régions afin d’étendre l’impact du conflit. En 2019, des mandataires iraniens ont mené une attaque de drone contre des installations pétrolières saoudiennes, interrompant temporairement 50 pour cent de la production de brut du royaume. Les analystes prévoient que si les tensions s’aggravent encore, les mandataires de l’Iran pourraient lancer des attaques contre les producteurs de pétrole du Moyen-Orient, en particulier l’Arabie saoudite. Bien que l’Arabie saoudite et l’Iran aient connu un certain rapprochement politique depuis 2019, les relations restent tendues.

Malgré les événements géopolitiques en cours, comme la guerre en Ukraine et le conflit au Moyen-Orient, les prix du pétrole sont restés relativement stables dans une fourchette de 70 à 90 dollars le baril. L’augmentation de la production américaine a contribué à atténuer les craintes de perturbations de l’offre sur le marché. Les États-Unis produisent 13 pour cent du pétrole brut mondial et près de 20 pour cent de la production mondiale de pétrole liquide, contre 25 pour cent pour l’OPEP et 40 pour cent pour l’OPEP+.

Résilience du marché

Cette diversification de l’offre à partir de sources américaines, combinée à une importante capacité de réserve au sein de l’OPEP, a donné lieu à un marché qui semble résister à des chocs majeurs en matière d’offre, malgré les tensions régionales. Toutefois, un conflit plus large au Moyen-Orient, accompagné de perturbations importantes de la production, entraînerait inévitablement une hausse des prix du pétrole et du coût des carburants. Cette flambée potentielle des prix pourrait avoir un impact sur la campagne électorale présidentielle américaine, en particulier pour la vice-présidente Kamala Harris.

On s’attend à ce que les États-Unis encouragent Israël à adopter une réponse plus mesurée à la situation, afin d’éviter une escalade significative des tensions.

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