En Allemagne, même les Verts durcissent le ton et menacent les auteurs d’actes antisémites d’expulsion

En Allemagne, même les Verts durcissent le ton et menacent les auteurs d’actes antisémites d’expulsion
Robert Habeck | Getty Images

Le conflit entre Israël et le Hamas aura réveillé la bête immonde un peu partout en Europe : les actes antisémites se multiplient, notamment en Allemagne. Le ministre de l’Économie et vice-chancelier Robert Habeck (Grünen) a adressé un message fort hier sur les réseaux sociaux.

Pourquoi est-ce important ?

L'Allemagne semble tourner la page Merkel. En 2015, la chancelière allemande avait accueilli plus d'un million de migrants, à la faveur de la crise migratoire. Le gouvernement actuel, pourtant dominé par la gauche, semble vouloir durcir les conditions d'accès et rendre plus efficace les renvois.

Dans l’actu : Robert Habeck prend la parole contre l’antisémitisme.

  • Les actes antisémites se multiplient en France, en Belgique, mais aussi en Allemagne. Robert Habeck a appelé à des sanctions sévères pour les auteurs de tels actes, et il n’a pas tourné autour du pot dans une vidéo vue près de 10 millions de fois depuis hier soir :
    • « L’ampleur des manifestations islamistes à Berlin et dans d’autres villes d’Allemagne est inacceptable et nécessite une réponse politique ferme. »
    • « Quiconque est allemand devra en répondre devant le tribunal. Si vous n’êtes pas allemand, vous risquez également votre statut de résident. »
    • « Quiconque n’a pas de permis de séjour donne un motif d’expulsion. »
  • Au cours de ces manifestations, des slogans antisémites sont apparus, des drapeaux israéliens ont été brûlés et les actes de violence se sont multipliés.
  • Robert Habeck déplore que les associations musulmanes ne se désolidarisent pas assez des débordements de sa communauté.
  • Le vice-chancelier vise aussi « une partie de la gauche politique », dont « l’anticolonialisme mène à l’antisémitisme ». « À cet égard, cette partie de la gauche politique devrait revoir ses arguments et se montrer sceptique quant au récit de la grande résistance. »

Samidoun dans le viseur

  • Jeudi, la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, a interdit les activités de l’association Samidoun, un groupement pro-palestinien accusé par la ministre d’être « une organisation terroriste ». La branche allemande sera dissoute, a-t-elle affirmé.
  • Samidoun a propagé une propagande antisémite « sous couvert d’une ‘organisation de solidarité’ pour les prisonniers palestiniens », a déclaré Faeser. Samidoun est aussi active en Belgique et se joint aux manifestations de soutien aux Palestiniens. Dernièrement, cette association a appelé à manifester tous les soirs à 19h, place de la Bourse, à Bruxelles.
  • En Allemagne, la police se dit débordée et appelle le pouvoir politique à réagir. Dans le quotidien Bild, le plus lu du pays, les syndicats policiers ont tiré la sonnette d’alarme : « Les islamistes radicaux remettent en question le pouvoir dans nos rues, explique un syndicaliste. « Si aucune mesure n’est prise, la charia prévaudra à la place de la constitution. Il est grand temps de revenir aux valeurs fondamentales de nos sociétés. Sinon, le pays s’effondrera au profit d’intérêts individuels radicaux. » 

L’essentiel : le gouvernement allemand referme la page Merkel.

  • Face au profit que pourrait retirer l’extrême droite, voire l’extrême gauche, de cette séquence, le gouvernement Scholz a adopté un projet de loi visant à accélérer l’expulsion des demandeurs d’asile déboutés, la semaine dernière.
  • Une décision qui fait également suite à l’attentat à Bruxelles qui a visé deux supporters de foot suédois. La ministre de l’Intérieur Nancy Faeser a renforcé les contrôles aux frontières tandis que le chancelier allemand a appelé à « des expulsions à grande échelle ».
  • Chez nous, suite à l’attentat, la politique d’expulsion a aussi été discutée et son efficacité remise en cause par certains membres du gouvernement, dont le Premier ministre. Il s’est par la suite avéré que l’erreur avait été plutôt de nature judiciaire, voire policière, ce qui a enterré le débat politique.
  • En Allemagne, la politique migratoire est à un tournant. Les critiques à l’égard des années Merkel se multiplient. C’était vrai pour la politique énergétique, c’est maintenant largement le cas de la politique migratoire. En 2015, suite à la crise migratoire, 890.000 demandeurs d’asile ont été accueillis en Allemagne. 320.000 réfugiés se sont ajoutés l’année suivante.
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