C’est confirmé : une des lunes de Jupiter, la plus grande du système solaire, renferme un océan souterrain rempli de sels et de composés organiques

La sonde spatiale Juno de la Nasa a détecté des sels et des composés organiques à la surface de Ganymède, la plus grande lune de Jupiter. Une découverte qui pourrait nous aider à y chercher des formes de vie extraterrestre.

Pourquoi est-ce important ?

Des scientifiques avaient déjà suggéré la possible présence d'un océan renfermant des sels et des matières organiques sur Ganymède, notamment le vaisseau spatial Galileo de la Nasa, le télescope spatial Hubble et un télescope de l'Observatoire européen austral. Mais c'est la première fois que l'on en obtient la confirmation. Cela grâce aux données obtenues par Juno lors de son survol de Ganymède, d'une précision sans précédent.

L’essentiel : Ganymède, lune géante glacée de Jupiter, n’a pas fini de dévoiler ses secrets.

  • La sonde spatiale Juno vient d’y identifier des sels minéraux :
    • Du chlorure de sodium hydraté
    • Du chlorure d’ammonium
    • Du bicarbonate de sodium 
  • Mais aussi des composés organiques, nommés aldéhydes aliphatiques.
    • Cela ne vous dira sans doute rien. Sur Terre, ils sont pourtant utilisés dans la fabrication de résines, de parfums, de plastifiants, et comme intermédiaires dans la synthèse de produits chimiques.

Une lune plus grande que Mercure

Le détail : Comment la Nasa a-t-elle récupéré ces informations précieuses ?

  • Le 7 juin 2021, la sonde spatiale Juno a survolé Ganymède à une distance de 1.046 kilomètres (on est précis, ici).
  • C’est un spectromètre JIRAM, construit par l’Agence spatiale italienne, qui a été utilisé pour obtenir des images infrarouges et des spectres de la surface de Ganymède.
    • L’objectif principal de JIRAM était d’étudier la lumière infrarouge de Jupiter. Le but : analyser les conditions atmosphériques entre 50 et 70 kilomètres sous les nuages de la planète.
    • JIRAM a également fourni des données sur les terrains des lunes galiléennes de Jupiter, les quatre plus grandes de la planète. On les nomme ainsi car elles ont été découvertes par… l’astronome italien Galilée en 1610, quelle surprise.
  • Les données de Juno ont atteint une résolution supérieure 1 kilomètre par pixel, permettant une analyse détaillée des caractéristiques spectrales de la surface de la lune. Une première dans l’histoire de la Nasa.

Pour les néophytes : Ganymède est non seulement la plus grande lune de Jupiter, mais aussi la plus grande du système solaire. Elle est même plus grande que la planète Mercure. Ganymède est unique en ce qu’elle possède son propre champ magnétique.

Une porte ouverte à de nombreuses pistes

Zoom arrière : C’est bien joli, mais que nous apprend cette découverte ?

  • Recherche de vie extraterrestre : La présence de composés organiques, combinée à l’existence d’un vaste océan sous la surface glacée, peut susciter des questions sur la possibilité de conditions propices à la vie, même si celle-ci serait probablement très différente de la vie telle que nous la connaissons sur Terre. Sous doute la piste d’observation la plus intéressante à notre échelle.
  • Compréhension de la formation et de l’évolution : La détection de sels et de composés organiques à la surface de Ganymède peut offrir des indices sur la manière dont cette lune s’est formée et a évolué au fil du temps. Par exemple, la présence de certains sels peut indiquer des interactions passées avec de l’eau liquide. Selon Scott Bolton, le chercheur principal de Juno, les découvertes « suggèrent que nous voyons les restes d’une saumure océanique profonde qui a atteint la surface de ce monde gelé ».
  • Étude de l’océan souterrain : Les composés détectés à la surface peuvent fournir des indices sur la composition chimique de l’océan souterrain de Ganymède. Cela peut aider à comprendre si l’environnement sous la glace est favorable à certaines formes de chimie prébiotique.
  • Comparaison avec d’autres lunes et planètes : Ces observations peuvent être utilisées pour comparer Ganymède à d’autres lunes glacées du système solaire, comme Encelade autour de Saturne ou Europe, une autre lune de Jupiter. Cela peut enrichir notre compréhension des processus géologiques et chimiques qui se déroulent sur ces corps célestes.
  • Préparation pour les missions futures : Les données recueillies par Juno aideront incontestablement à planifier et cibler des observations futures par d’autres missions spatiales. Qui pourraient à leur examiner de plus près ces composés et évaluer leur pertinence pour la recherche de vie sur cette lune.

En somme : Cette découverte ajoute une couche de complexité à notre compréhension de Ganymède et souligne l’importance d’explorer davantage ces lunes glacées dans notre quête de connaissance du système solaire et de la vie potentielle au-delà de la Terre.

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