Ce jeudi, plusieurs journaux allemands ont annoncé que Siemens Energy discutait avec le gouvernement allemand dans le cadre d’un possible octroi de garanties d’État. Depuis que des problèmes de qualité ont été découverts dans les éoliennes de sa filiale Siemens Gamesa, c’est la débandade.
Siemens Energy demande une aide d’urgence de plusieurs milliards d’euros au gouvernement allemand : chute libre en bourse

Pourquoi est-ce important ?
Présent depuis des années dans le gratin mondial des fabricants d'éoliennes, Siemens Gamesa vit au cauchemar. Des couacs dans le processus de fabrication de ses équipements lui ont fait perdre des milliards d'euros... et la confiance des investisseurs. Dans le même temps, si elles ne sont pas dans d'aussi sales draps, ses concurrentes européennes ne se portent pas beaucoup mieux.Dans l’actu : Siemens Energy demande des garanties d’Etat.
- Ce jeudi, Der Spiegel et WirtschaftsWoche ont annoncé que Siemens Energy avait entamé des négociations avec le gouvernement allemand en vue d’obtenir des garanties d’État.
Les détails : 15 milliards d’euros de garanties.
- Confirmée par un porte-parole du ministère de l’Economie, l’information a ensuite été admise par Siemens Energy elle-même.
- « Des discussions préliminaires sont en cours avec diverses parties, notamment les banques partenaires de Siemens Energy et le gouvernement fédéral, afin de garantir l’accès à un volume croissant de garanties nécessaires pour faciliter la forte croissance attendue », a commenté le groupe via un communiqué.
- Le géant allemand rechercherait des garanties pour des crédits allant jusqu’à 15 milliards d’euros. Le plan sur la table est le suivant :
- Une première tranche de 10 milliards serait couverte à 80% par l’État et à 20% par des banques.
- Une seconde, de 5 milliards, serait supportée par Siemens AG, son ancienne société mère et actuelle principale actionnaire (25,1%).
Siemens tente d’expliquer pourquoi elle veut des garanties d’État
Les explications :
- Selon WirtschaftsWoche, ces garanties doivent permettre d’éviter un scénario qui verrait les banques augmenter les coûts ou carrément supprimer des lignes de crédit importantes pour les projets de Siemens Energy.
- Du côté de Siemens Energy, on explique faire face à une forte hausse des commandes. Ce qui renforcerait le besoin croissant de garanties pour les projets à long terme.
- « Le rythme effréné de la transition énergétique garantit une forte demande pour nos technologies ; notre carnet de commandes s’élève à 110 milliards d’euros », a déclaré un porte-parole. « Cette évolution positive signifie en soi que nous devons accorder davantage de garanties à nos clients. C’est un défi pour toutes les entreprises. C’est pourquoi nous prenons des mesures pour renforcer notre bilan. »
- L’occasion pour Handelsblatt de rappeler des propos que lui avait réservés le CEO de Siemens Energy en août dernier au sujet d’un possible recours à des aides d’État.
- « Nous n’en sommes pas là », avait assuré Christian Bruch. « Notre bilan est bon et nous sommes convaincus que nous pouvons rentabiliser l’entreprise par nous-mêmes. »
- On ne peut pas encore lui donner totalement tort, des garanties n’étant pas des aides d’État directes. Mais on s’en rapproche quand même.
Siemens annonce que 2024 sera pire que prévu pour ses éoliennes
Le contexte : on ne peut plus morose.
- Dans son communiqué, Siemens Energy a tenté de rassurer les investisseurs. Elle a ainsi assuré que ses résultats financiers pour l’exercice 2022-2023 (clos en septembre) devraient être « pleinement conformes aux prévisions ». Elle ne le rappelle pas, mais cela représente en fait une perte de 4,5 milliards d’euros. Un chiffre qui devra être annoncé officiellement le mois prochain.
- Le groupe allemand a aussi souligné que son activité « Gaz et Electricité » se portait comme un charme.
- Les problèmes se situent bien sûr du côté des éoliennes. En juin dernier, ses dirigeants ont avoué avoir identifié de graves problèmes de conception. Depuis, l’entreprise travaille à les résoudre, mais la machine s’est grippée. Elle ne prend plus de commandes pour certaines éoliennes terrestres et se montre « strictement sélective » pour les équipements en mer.
- « Les prises de commandes et les revenus devraient être inférieurs aux attentes du marché pour l’exercice 2024, et les pertes nettes et les sorties de trésorerie devraient être supérieures aux prévisions du marché », lit-on dans le communiqué.
La réaction des investisseurs a été immédiate. Jeudi à la mi-journée, l’action Siemens Energy perdait 35% à la bourse de Francfort.