« Amassez de l’or en temps troublés, et du jade en périodes de prospérité », nous dit un vieux proverbe chinois que rappelle Fidelity International. Car c’est toujours vrai : l’or est une des valeurs refuges les plus classiques sur les marchés. L’engouement pour le métal doré que l’on voit actuellement en Chine représente donc un signe de plus que la confiance des investisseurs s’effrite, alors que le yuan ne brille guère face au roi dollar. Un retour vers la valeur refuge qui est même largement encouragé par le système bancaire du pays.
Quand même l’immobilier ne va plus, restent les lingots
Le contexte : l’immobilier a longtemps été la coqueluche des investisseurs chinois. Mais le secteur croule sous ses dettes, la demande s’est effondrée et des logements par millions restent vides ou inachevés.
Le patron d’Evergrande, deuxième plus grand promoteur du pays, a même été mis en résidence surveillée. La société a suspendu ses cotations à la bourse de Hongkong, mais son action s’était effondrée ces dernières semaines.
Côté finances, la Chine ne se porte pas au mieux. La monnaie du pays a perdu la course face au dollar. Avec un renminbi pour 0,14 dollar américain, le cours n’est pas loin de son plancher sur les 16 dernières années, souligne la société de services de gestion d’investissement Fidelity International.
Des pastilles d’or un gramme
Les conséquences : les investisseurs chinois se précipitent pour trouver des couvertures pratiques contre une dépréciation supplémentaire. Et la valeur refuge par évidence, c’est bien sûr l’or.
- D’autant que le marché chinois reste bien particulier. Le système communiste a beau s’être ouvert, les fuites de capitaux restent strictement contrôlées. De nombreux marchés d’actifs étrangers sont difficiles d’accès aux boursicoteurs chinois.
- Mais cela rend le marché intérieur d’autant plus attrayant. Ceux qui ont accès au métal jaune au cours extérieur, à Hongkong ou à Shanghai, peuvent le revendre avec un bon bénéfice sur le marché chinois.
- Chaque grain d’or d’un gramme coûtait environ 500 yuans (68,57 dollars) au début de l’année. Aujourd’hui, le prix est monté à environ 600 yuans, signale le site de référence Or.fr. Et ça n’est pas une image : les Chinois investissent massivement dans des pastilles d’or calibrées d’un gramme. Elles sont bien plus pratiques et abordables que des bijoux, pour les jeunes.
- Le système bancaire du pays les aide, d’ailleurs. En juin dernier, la Banque populaire de Chine (PBOC) a discrètement lancé une initiative aux citoyens chinois de convertir facilement leurs économies en or physique. Une manière d’ouvrir l’investissement dans le métal solide à toutes les bourses.
- Même si la reprise se fait attendre, les Chinois ont – comme les Occidentaux avant eux – des envies de luxe. Les achats de prestige ne pâtissent jamais des situations de crise. En août, les ventes de bijoux à l’échelle nationale ont bondi de 33 % par rapport au même mois de 2019.

L’or, par manque de confiance
Ce n’est toutefois pas un bon signe pour l’économie chinoise. C’est un symptôme de plus des désillusions des citoyens ordinaires et des investisseurs. Les Chinois n’ont plus confiance, alors que la prospérité promise par le Parti n’est plus assurée comme avant le covid. Les promesses du début d’année semblent bien lointaines.
Entre un immobilier qui se casse la figure – et les rêves de propriété de nombreux Chinois avec – et un chômage en hausse, l’avenir n’a plus l’air si radieux. Et c’est au gouvernement chinois de trouver comment restaurer cette confiance perdue envers le modèle économique de l’Empire du Milieu.