Saviez-vous que la Wallonie était en situation de plein emploi ? Eh oui, sinon pourquoi la Flandre recruterait en Inde et au Mexique plutôt qu’au sud du pays ? Pourquoi les 117.000 offres d’emploi flamandes soumises à la Wallonie n’auraient reçu que 51 candidatures ? Pourquoi la Wallonie faciliterait-elle l’engagement de travailleurs étrangers en élargissant les conditions d’accès ? Pourquoi la TEC chercherait-elle encore 294 chauffeurs de bus avant la fin de l’année ?
La succession de l’actualité dépasse parfois l’entendement. Car vous vous en doutez bien, le plein emploi en terre wallonne tient toujours du miracle. En juin 2023, la Wallonie comptait encore 121.393 chômeurs, soit environ 9% de taux de chômage. Dans certaines provinces, le taux se situe même autour de 15%, voire plus de 20% dans certaines communes liégeoises et hennuyères. Parmi ces communes, plus de la moitié des chômeurs le sont depuis 2 ans et plus.
Un problème de langue ? Allez demander aux Indiens ou aux Mexicains. Un problème de compétences ? Certainement. Le nombre d’emplois vacants ne cesse de grandir en Belgique, mais les employeurs ne trouvent pas les compétences recherchées. Les yeux se tournent naturellement vers les autorités, pour qu’elles activent ces supposés demandeurs d’emploi, quelle que soit l’approche ou le bord politique. On peut affirmer sans trop se tromper que les méthodes du passé n’ont pas fait leurs preuves et que le chômage colle à la peau de la Wallonie depuis trop de décennies.
Ce qui est plus inquiétant, c’est qu’on n’est pas arrivé à s’extirper d’une telle situation alors que partout autour de nous, le marché de l’emploi est hyper tendu. Aux États-Unis, les coups de boutoir des taux d’intérêt ne semblent pas refroidir le marché du travail. Plus proche de nous, le taux de chômage dans la zone euro est tombé à son plus bas historique, à 6,4%. Aux Pays-Bas, malgré la récession, le taux de chômage est à peine de 3,5% et personne ne sait vraiment comment faire pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre. En Flandre, le chômage est de 3,4%, on manque cruellement de bras. Est-il normal que dans certaines communes wallonnes, ce taux dépasse encore les 20% ? L’excuse de la fermeture des charbonnages et des sites sidérurgiques a trop duré.
Taux d’emploi de 80 %
On parle ici du chômage, mais ce n’est qu’une petite partie de l’iceberg. En mars dernier, le ministre de l’Emploi, Pierre-Yves Dermagne (PS), estimait que le taux d’emploi de 80%, l’objectif de la Vivaldi, était « à portée de main ». Au 4e trimestre 2022, le taux d’emploi était pourtant de 72,3% en Belgique, en dessous de la moyenne européenne (74,9 %) et des pays voisins (79,6 %). Les chiffres par région sont peu flatteurs pour le sud du pays : le taux d’activité était de 77,2 % en Flandre, mais seulement de 65,8 % en Wallonie et de 65,1 %, à Bruxelles.
Vous l’aurez rapidement calculé, résorber le chômage ne sera pas suffisant pour atteindre l’objectif fixé. Car un mal ronge encore davantage le marché de l’emploi : l’inactivité. En Belgique, 1.267.000 personnes entre 25 et 64 ans sont inactives. Ce sont des personnes bénéficiant de l’assurance-maladie, des prépensionnés ou des bénéficiaires de revenus d’intégration sociale (CPAS). On parle ici d’un mal belge, mais la Wallonie parvient encore à porter le bonnet d’âne : le taux d’inactivité de la Flandre est de 18,3% et de 21,8% à Bruxelles, contre 25,3% en Wallonie.
La Wallonie est tout sauf un miracle économique.