Le port du masque est désormais vivement conseillé en Belgique. Dans les transports en commun, il est même devenu obligatoire depuis ce lundi. Les citoyens doivent donc s’en procurer. Mais à quel prix?
Aujourd’hui, il est possible de trouver des masques à tous les prix. Si certains sont vendus à moins de 1 ou 2 euros, on en trouve aussi à des prix qui peuvent sembler excessifs. Par exemple, dans les gares à Bruxelles, les distributeurs proposent des masques à 15 euros pièces. Le consommateur s’y perd et les vendeurs en profitent.
Mais pour comprendre d’où vient cette disparité dans les prix, il faut remonter au début de l’épidémie. La Belgique, comme de nombreux pays touchés par la maladie, fait face à une importante pénurie de masques. Et dès que le pays reçoit une livraison, elle est distribuée aux hôpitaux et au personnel soignant qui ont été priorisés. De ce fait, les pharmacies et les commerces en ligne qui avaient encore un petit stock ont été confrontés à une importante demande. Et cela a provoqué une hausse des prix.
L’association de défense des consommateurs Test achat a dénoncé certains abus. Une maison de repos a dû payer 6 €/pièces des masques chirurgicaux, alors qu’ils coûtaient avant 10 ou 30 centimes. Les masques FFP2 étaient en vente à 15 €/pièce sur certaines pharmacies en ligne. Leur prix habituel tourne pourtant autour de 5,69€/pièce.
Aujourd’hui, le prix des masques n’est pas réglementé en Belgique. Et une légère inflation est compréhensible. Mais trop, c’est trop. L’association demande un plafonnement du prix des masques.
Disponible en grande surface
Depuis ce lundi, il est possible de trouver des boites de 50 masques jetables pour un peu plus de 30 euros. Cela revient au final à 0,63 centime par masque. Précisons que ces masques chirurgicaux vendus en supermarché sont à usage unique et doivent donc être jetés après utilisation. Selon Comeos, il s’agit du prix coûtant, les magasins ne font aucun bénéfice sur leur vente. De plus, les magasins limitent l’achat à une boite par client pour éviter la pénurie.
Il sera en tout cas maintenant compliqué pour les pharmaciens de justifier des prix excessifs. Seule la qualité du masque pourrait être utilisée comme argument, bien que l’Association belge des pharmaciens ne semble pas pouvoir encore dire s’il y a une différence de qualité entre ceux vendus en magasins et ceux que proposent les pharmacies.
Masques en tissu
Dans les commerces, on trouve aussi des masques en tissu, qui sont réutilisables et donc qui coûtent plus cher. Mais à partir de quel moment est-ce trop cher?
Une exemple est donné par la marque ‘La vie est belge’ qui vend depuis peu des masques. Leur prix: environ 10 euros l’unité, même si certains designs coûtent jusqu’à 18 euros. Le créateur de la marque, Denis Van Praet justifie ce prix par deux choses: la matière première qui répond aux exigences des autorités sanitaires et la main d’oeuvre entièrement belge qui faut rémunérer à un juste salaire.
Trouver des masques en tissus moins chers est tout à fait possible, mais il faut se questionner sur la qualité du tissu et/ou sur la rémunération de la couturière. Par exemple, sur les réseaux sociaux, des couturières proposent des masques à 5 euros. Elles ne se rémunèrent donc pas ou peu.
Revenons maintenant aux masques à 15 euros dans les gares bruxelloises qui ont fait le tour des réseaux sociaux cette semaine. Pour la société Selecta qui gère ces distributeurs, le prix est tout à fait justifié par la qualité du produit. ‘On peut les laver 500 fois, là où d’autres ne peuvent être lavés que 20 fois’, a-t-elle expliqué à nos confrères de Sudpresse. L’entreprise ajoute que dans les pharmacies, ils sont vendus 18 euros pièce. Cependant, cela reste choquant de ne pas laisser le choix aux navetteurs sans protection de débourser 15 euros pour pouvoir prendre le train. La société assure que des masques jetables moins chers seront prochainement ajoutés. Notamment en Wallonie ou 48 distributeurs sont prévus.
Retour à la normale?
Aujourd’hui, la pénurie semble derrière nous. En tout cas, c’est ce qu’a déclaré le ministre chargé de la gestion des masques, Philippe De Backer à La Libre: ‘Actuellement, on a assez de masques en stock et on est capables de faire des livraisons d’urgence en grandes quantités.’ Il parle sans doute du personnel soignant. Qu’en est-il pour le citoyen ?
La vente des masques chirurgicaux aux citoyens est autorisée depuis le 4 mai. Une nécessité vu que les masques sont obligatoires dans les transports en commun et sur certains lieux de travail.
Reste la question de l’achat ? Lors de la conférence de presse, la Première ministre, Sophie Wilmès, avait promis un masque gratuit et réutilisable et des filtres pour chaque habitants. Sauf que nous voilà 10 jours plus tard, et nous les attendons toujours.
Certaines communes ont pris le relais. Selon un sondage de l’Union des villes et communes en Wallonie divulgué par Moustique, 163 communes sur 262 ont fait une commande de masques en urgence pour leur population. Il s’agit, pour la plupart, de masques en tissus, qui seront livrés à domicile. Mais pour 130 communes, il était impossible de livrer avant le 4 mai.