5 réserves sur le nouveau gouvernement de l’Arizona

Un nouveau gouvernement, enfin. Voici cinq réserves à ce sujet :

1. Des projets de réforme sérieux

Le gouvernement sortant avait promis une réforme du marché du travail, une réforme des retraites et une réforme fiscale. La réforme du marché du travail n’a pas donné grand-chose, ce qui signifie que nous avons encore perdu du terrain par rapport au reste de l’Europe en termes de taux d’emploi au cours de la dernière législature. La réforme des pensions n’a rien fait pour régler la future facture des pensions qui attend d’être payée. Et la réforme fiscale n’a rien donné du tout.

Le nouveau gouvernement veut vraiment s’attaquer à chacun de ces domaines et a déjà inclus des plans de réforme étendus et concrets dans l’accord de coalition. Beaucoup de ces réformes sont attendues depuis longtemps, mais maintenant elles figurent au moins dans l’accord de coalition. Bien sûr, il reste à voir comment ils vont s’y prendre (c’est là un rôle crucial pour les ministres concernés). Mais si tous les projets aboutissent, ce gouvernement pourrait être le plus réformateur sur le plan économique depuis les gouvernements Dehaene.

2. Peu de projets concrets en matière de productivité

L’accord de coalition se concentre sur la mise au travail d’un plus grand nombre de personnes et sur la maîtrise de l’augmentation de la facture des pensions. Il s’agit de deux éléments importants pour reprendre le contrôle des finances publiques. Mais en ce qui concerne le facteur (de loin) le plus important pour notre prospérité future, la croissance de la productivité, les plans sont beaucoup moins concrets. L’importance d’une croissance plus forte de la productivité est explicitement mentionnée dans l’accord, mais peu de plans concrets y sont associés. Pour un levier crucial de la croissance de la productivité, l’investissement public, l’ambition est très modeste avec un objectif de 3 pour cent du PIB. Cela confirme plus ou moins le statu quo, nous laissant loin derrière la moyenne européenne (3,7 pour cent) ou un pays de premier plan comme la Suède (5,4 pour cent).

De nombreux leviers de productivité se trouvent au niveau régional. Il faut espérer qu’une plus grande coopération entre le niveau fédéral et le niveau régional sera possible dans les années à venir, les deux se renforçant mutuellement. La composition similaire des gouvernements aux différents niveaux est déjà prometteuse à cet égard. Quoi qu’il en soit, un programme sérieux de productivité à tous les niveaux politiques reste nécessaire.

3. Poursuivre malgré les protestations

Une sérieuse vague de protestations est à venir dans les semaines et les mois à venir. La manifestation du personnel de l’éducation du 13 janvier n’était probablement qu’un avant-goût à cet égard. Les syndicats et l’opposition de gauche sont également descendus dans la rue par le passé contre à peu près toute réforme des pensions (même minime). Ces dernières semaines, ils ont déjà accentué la pression contre les projets de réforme du marché du travail et des retraites, et il est peu probable qu’ils s’arrêtent là.

Ce qui est remarquable, c’est que la plupart des réformes économiques incluses dans l’accord de coalition ne sont pas du tout aussi spectaculaires qu’elles sont proposées par certains. Du moins, pas dans un contexte international. Ces réformes nous feraient simplement avancer un peu plus dans la direction où de nombreux pays européens (surtout au nord) se trouvent depuis un certain temps. En ce sens, le nouveau gouvernement devrait simplement aller de l’avant dans les mois (années ?) à venir malgré les protestations.

4. Attends de voir ce que donnera l’ajustement fiscal

Pour l’effort budgétaire, le nouveau gouvernement compte largement sur les effets de retour de ses plans de réforme. Il y a de fortes chances (certainement à court terme) que ces effets de retour soient moins importants qu’espérés (par exemple parce que le taux d’emploi n’augmente pas aussi vite que prévu). Dans ce cas, un ajustement des plans budgétaires sera nécessaire à un moment ou à un autre. Reste à savoir si le gouvernement s’en tiendra alors à la clé de répartition de l’effort convenue, en mettant davantage l’accent sur les économies que sur des impôts supplémentaires (l’augmentation de l’impôt sur les plus-values étant un risque évident). Cette décision ne sera pas facile à prendre au sein de la coalition.

5. Répondre à l’évolution de la situation

En ce qui concerne les réformes prévues, l’accord de coalition est déjà assez détaillé. Mais gouverner, c’est bien plus que mettre en œuvre un accord, c’est surtout répondre à l’évolution des circonstances. Avec Trump, une guerre commerciale internationale, le risque de récession ou de chocs financiers, les tensions géopolitiques, la dynamique au sein de l’OTAN ou le risque d’une nouvelle pandémie, entre autres, il existe de nombreux facteurs qui pourraient causer de mauvaises surprises dans les années à venir. La question cruciale est alors de savoir si ce gouvernement sera en mesure de répondre de manière appropriée à l’évolution de la situation. Les négociations gouvernementales longues et ardues ne sont déjà pas très rassurantes sur ce point.

Bart Van Craeynest
Économiste en chef chez Voka et auteur de « België kan beter ».

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