L’essentiel de son discours

• D’ici 2027, la Chine veut moderniser entièrement son armée.

• D’ici 2030, la Chine veut être le leader mondial de l’intelligence artificielle (IA)

• D’ici à 2035, elle souhaite définir des normes mondiales pour l’internet des objets (la technologie qui permet aux appareils de communiquer entre eux) et d’autres nouvelles technologies.

• D’ici 2049, le pays veut être le numéro un dans la plupart des technologies.

La reprise de la Chine en matière de technologie

La Chine est prise très au sérieux sur le plan technologique. Les succès de Pékin en matière de véhicules électriques en sont un bon exemple :

• La Chine est le leader mondial de l’e-mobilité, avec deux tiers des exportations de voitures électriques, deux des trois plus grands fabricants de batteries et deux tiers de la capacité d’extraction et de traitement du lithium, matière première.

Mais il y a bien plus que cela :

• Certaines caméras de surveillance chinoises peuvent reconnaître non seulement les visages, mais aussi l’iris de l’œil, ce qui permet d’identifier encore mieux les personnes.

• Les systèmes de microphones dans les lieux publics reconnaissent la voix et la parole.

• Grâce aux applications covid obligatoires, les autorités des grandes villes savent en temps réel et à tout moment qui est où.

La production économique de la Chine par habitant est comparable à celle de la Thaïlande ou des Maldives. Mais le fait que le pays nourrisse des ambitions mondiales a beaucoup à voir avec la nature de la numérisation. La Chine a déclenché une transformation comme le monde n’en a jamais connu, révolutionnant sa société dans presque tous les domaines : l’économie, la médecine, l’agriculture, la gouvernance et la guerre.

L’agenda caché derrière le discours de Xi

Dans ce processus, la concurrence entre les pays évolue également – et c’est l’occasion rêvée pour la Chine. Il y a un agenda stratégique caché derrière le discours de Xi. La Chine veut se débarrasser de sa dépendance technologique vis-à-vis de l’étranger en rendant son pays complètement autonome. La domination technologique, espère-t-on à Pékin, devrait mettre le pays à l’abri de sanctions telles que les importantes restrictions imposées par Washington sur les puces électroniques.

Cette domination devrait stabiliser et légitimer le pouvoir de Xi pour aboutir à la « renaissance de la nation chinoise », c’est-à-dire à un retour à la gloire passée perçue. Elle devrait permettre à la Chine d’annexer Taïwan et de défier l’Occident.

En pratique

La main de fer de l’appareil d’État chinois (lire : le contrôle totalitaire) n’est jamais loin.

• Les entreprises doivent répondre aux « besoins nationaux urgents » et « respirer l’esprit patriotique ».

• Xi veut « imprégner l’ensemble du processus d’innovation et de production, d’exploitation et d’investissement » de l’économie numérique par « la supervision et la gouvernance ».

La Chine va maintenant devoir prouver qu’un régime totalitaire peut devenir un champion mondial de l’innovation. Qu’il est possible d’ignorer la liberté d’entreprise, la liberté de recherche et la concurrence des idées – et de devenir malgré tout une superpuissance technologique.

« Appelez-moi quand l’État autoritaire réussira à développer quelque chose de nouveau par le haut »

Le penseur-entrepreneur américano-indien Naval Ravikant ne croit pas que cela soit possible :

« Chaque fois que les gens disent que la Chine se comporte de manière si impressionnante : « Regardez le lancement de leurs fusées, regardez leur croissance économique, regardez les villes qu’ils construisent…

Eh bien, appelez-moi quand ils auront inventé quelque chose de nouveau. Appelez-moi quand ils sortiront une idée incroyable que nous n’avons pas encore eue. Appelez-moi quand ils développeront une technologie que nous n’avons pas. Parce que jusqu’à présent, ce ne sont que des imitations. Ils ne bénéficient que de la technologie qu’ils ont reçue de nous et qu’ils adoptent maintenant largement parce qu’ils ont plus de monde.

Appelez-moi quand leur PIB par habitant dépassera le nôtre. Et appelez-moi quand ils développeront des vaccins, des médicaments, des générateurs d’énergie ou des vaisseaux spatiaux que nous ne pouvons pas fabriquer.

Appelez-moi quand l’État autoritaire parviendra à développer quelque chose de nouveau du haut vers le bas. Quand ils sont plus créatifs que nous, leur art est meilleur que le nôtre et leur technologie surpasse la nôtre.

Appelez-moi quand cela arrivera et que la société libre et capitaliste sera perdante. Je n’ai jamais vu ça. »

(CP)