300 milliards d’euros, c’est ce dont a besoin l’aviation européenne pour passer à l’hydrogène vert

300 milliards d’euros, c’est ce dont a besoin l’aviation européenne pour passer à l’hydrogène vert
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Limiter l’impact climatique de l’aviation européenne représente un véritable défi pour l’Union européenne. Outre les aspects pratico-pratiques, faire passer l’ensemble du secteur à des carburants verts implique des investissements colossaux qui ralentiront certainement la transition.

L’actualité : le déploiement d’avions à hydrogène au sein de l’aviation européenne nécessitera 300 milliards d’euros d’investissements entre 2025 et 2050, selon une étude de l’ONG Transport & Environnement.

Le détail : ce coût de près de 300 milliards d’euros – 299 milliards pour être précis – repose en grande partie sur la production (54%), la liquéfaction et la distribution de l’hydrogène vert.

  • À ces coûts s’ajoutera bien évidemment le renouvellement de la flotte d’avions, soit par de nouveaux modèles adaptés, soit par des engins modifiés pour voler avec ce type de carburant.
  • Si certains constructeurs affichent une certaine bonne volonté, cela demandera du temps. Tout ne se fera pas en un claquement de doigts et les avions à hydrogène devront certainement partager le ciel avec les modèles traditionnels pendant un long moment.
    • Airbus, le plus grand acteur du marché, vise à faire voler un avion à hydrogène à zéro émission d’ici 2035, mais prévient que le rythme de développement de l’infrastructure nécessaire sera lent.

Une taxe pour motiver

C’est toute une nouvelle flotte qui doit être mise sur pied, ainsi que de nouvelles infrastructures. Les avions à hydrogène seront donc forcément moins attractifs financièrement. C’est pourquoi l’ONG préconise de mettre en place une taxe sur le kérosène. Les avions à réaction traditionnels deviendront ainsi moins intéressants.

  • En 2035, les avions à hydrogène vert seraient 8 % plus chers que les modèles traditionnels, selon les calculs de l’ONG.
  • En taxant le kérosène, ainsi qu’un prix plus élevé sur les émissions de carbone, les avions verts pourraient être 2 % moins chers à exploiter, indique l’étude.
    • Les auteurs ont basé leurs calculs sur les propositions actuelles de la Commission européenne. Ils ont estimé une taxe d’environ 0,37 € le litre.

« Si nous voulons qu’Airbus joigne la parole, nous devrons créer un marché pour les avions à zéro émission, en taxant le carburéacteur fossile et en rendant obligatoires les avions à zéro émission à l’avenir »

a déclaré Carlos López de la Osa, directeur technique de l’aviation chez T&E.

À noter : si certains voient dans l’hydrogène vert le salut écologique de l’aviation, ce n’est pas le cas de tout le monde. Certains doutent des capacités de cette solution à décarboner le secteur suffisamment rapidement compte tenu des défis techniques qu’elle implique.

  • Dans tous les cas, rendre l’aviation plus verte impliquera forcément des changements profonds qui rendront les vols plus chers.
  • À moins d’adopter des politiques pour contourner le problème. « L’aviation à hydrogène aura un sens économique tant que nous appliquerons le principe du pollueur-payeur. Sinon, l’industrie se tirera une balle dans le pied », a déclaré Osa.

« Il n’y a pas de solution miracle pour décarboner l’aviation. Les carburants verts, la réduction de la demande et l’hydrogène joueront tous un rôle. Pour que les avions à hydrogène décollent dans la prochaine décennie, nous devons entrer dans le cercle vertueux de la réglementation, des investissements, de la baisse des prix, puis d’une adoption plus forte. Mais le coût doit être assumé par l’industrie aéronautique et ses utilisateurs, en affectant une partie des recettes fiscales sur le carbone et le kérosène aux technologies vertes comme les avions zéro émission et les carburants propres. »

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