Soudain plus catholique que le pape, Binance prêche pour plus de régulation crypto à l’échelle mondiale

Au travers de sa déclaration universelle des droits fondamentaux de la crypto, énorme campagne politico-marketing tout juste initiée, le géant des échanges d’actifs numériques plaide en faveur d’un cadre réglementaire mondial.

Pourquoi est-ce important ?

La défense semble constituer la meilleure des attaques pour cette entreprise dans le collimateur des gendarmes financiers d’ici et d’ailleurs. Depuis des années, les détracteurs pointent du doigt des pratiques commerciales discutables. Dans ses efforts de réhabilitation, Binance a embauché d'anciens régulateurs, des agents du fisc américain et même des enquêteurs d'Europol.

Soutenir plutôt que subir. Voilà certainement le mantra adopté par Binance et qui transparaît aujourd’hui dans son annonce aux airs de manifeste intitulée « 10 droits fondamentaux pour les utilisateurs crypto ».

Avec ce bref inventaire de pieuses intentions, le géant des bourses d’actifs digitaux entend inspirer les débats politiques et participer au développement d’un cadre réglementaire mondial visant à garantir un accès sécurisé aux technologies émergentes. La pierre angulaire étant de protéger l’indépendance des consommateurs, sans limiter la croissance et l’innovation.

« Chez Binance, notre priorité a toujours été l’utilisateur quotidien, de sa sécurité à son expérience en tant que membre d’une plus grande communauté. C’est l’essence même de la crypto, et il est important que nous ne perdions pas de vue cela en tant qu’industrie », a déclaré le cofondateur et actuel CEO, Changpeng Zhao –appelé dans le milieu seulement par ses initiales CZ– qui se présente comme le porte-voix de « ceux ont traditionnellement été étouffés par la finance. »

Dans son offensive promotionnelle, le jusqu’ici très décrié géant reconnaît qu’une réglementation plus stricte est inévitable mais prend surtout soin de mettre en avant les bienfaits d’une réglementation intelligente: « à l’instar de la ceinture de sécurité dans une voiture, un marché crypto plus réglementé offre de meilleures protections aux utilisateurs », épingle Binance en préambule sa déclaration des libertés fondamentales.

« Réglementation et innovation ne s’excluent pas mutuellement », a renchéri CZ, estimant désormais qu’il est de son devoir de travailler avec les autorités et décideurs internationaux.

« Éduquer les régulateurs »

« Chez Binance, nous sommes impatients de travailler en étroite collaboration avec les régulateurs pour aider à accroître leurs connaissances sur l’industrie et ses possibilités », a-t-il ajouté, peu de temps après avoir engagé la France dans un bras de fer mental, offrant à nos voisins du sud 100 millions d’euros d’investissement en échange d’une licence de prestataire de services d’actifs numériques.

Reste à voir quel effet cette opération de soft power d’entreprise aura sur les autres acteurs du secteur mais aussi sur l’approche des autorités. Le nouveau responsable de lutte contre le blanchiment de Binance, Greg Monahan, un ancien enquêteur criminel du Trésor américain, a assuré au site spécialisé Decrypt que la sécurité de l’écosystème constituait désormais une priorité absolue.

Pour mémoire, Binance reste tolérée par défaut en Belgique. Une situation appelée à changer prochainement, insiste la FSMA.

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