Web Analytics

Vers une zone de libre-échange entre l’Iran et la Russie : une bouffée d’air pour deux régimes sous embargo

Vers une zone de libre-échange entre l’Iran et la Russie : une bouffée d’air pour deux régimes sous embargo
Poutine et Alexei Overchuck / Khaùenei. | Getty / Fotojet

L’Iran était le pays le plus sanctionné au monde sur le plan économique, en particulier en réponse à ses ambitions nucléaires. Il a toutefois été détrôné par la Russie depuis son invasion de l’Ukraine. Or, les deux pays, déjà parfois sur la même longueur d’onde, y ont trouvé un parfait terrain d’entente pour se soutenir mutuellement.

Le contexte : idéologiquement, ça paraitrait insensé. La Russie, ancien bastion du communisme qui est depuis tenté par un autoritarisme volontiers teinté de conservatisme orthodoxe, est devenue la grande alliée de la République islamique d’Iran, entièrement bâtie sur un islam chiite rigoriste. Mais, quand il s’agit de se soutenir face aux USA et dans un isolement international croissant, les dogmes tiennent du détail.

L’allié de circonstance face aux Américains

  • Depuis la chute du communisme, la Russie et l’Iran s’entendent relativement bien : en 2005, la Russie était le 7ᵉ partenaire commercial de l’Iran, et 5,33 % des exportations vers l’Iran provenaient de Russie, ce qui représentait un chiffre d’affaires d’un milliard de dollars.
  • À l’époque, c’était toutefois l’Iran qui dépendait fort de la Russie, et en particulier de son vote à l’ONU sur la question nucléaire, d’autant que c’est Moscou qui prenait en charge la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr. Bien que Poutine dût aussi montrer patte blanche auprès des occidentaux quand ceux-ci sanctionnaient le régime de Téhéran.
  • Mais ces relations n’ont fait que se renforcer ces dernières années, avec un premier accord de coopération militaire en 2019. Et la guerre en Ukraine n’a fait qu’apporter un nouveau souffle. Sauf que maintenant, c’est Poutine qui a besoin des armes et des munitions de Khamenei.

L’actualité : un accord de zone de libre-échange entre l’Iran, la Russie et plusieurs pays d’Eurasie est dans les cartons, selon les déclarations du vice-premier ministre russe Alexei Overchuk auprès de l’agence Tass.

La Russie se retourne vers l’Asie centrale

  • Overchuk estime que les discussions avancent entre Téhéran et l’Union économique eurasienne, qui comprend l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et la Russie. Un marché qui, pour cette dernière, a pris une nouvelle importance alors que l’Union européenne fermait ses portes aux denrées russes.
  • Ce besoin russe de nouveaux débouchés fait, bien sûr, les affaires du régime de Téhéran. Celui-ci est toujours sous le coup de sanctions drastiques, instaurées par les USA progressivement depuis 1979. Et l’ONU et l’UE en ont encore rajouté depuis qu’est apparu l’enjeu du nucléaire iranien.
  • Si la Russie a toujours joué un jeu changeant sur cette question, elle apporte maintenant une grande bouffée d’air : les échanges de marchandises entre la Russie et l’Iran ont augmenté de 20 % en 2022, soit deux tiers du taux de croissance global enregistré par Moscou avec la Chine, son autre nouveau partenaire privilégié.
  • Moscou offre ses produits pétroliers à Téhéran en échange de ses armes et de ses munitions, bien que des accords ultérieurs existaient pour le développement de programmes conjoints. L’Iran est devenu essentiel à la Russie pour passer outre ses pénuries sur le front.
  • Des relations commerciales qui vont encore se renforcer, au fur et à mesure que la Russie se tourne vers son pré carré asiatique : un accord entre les pays de l’Union économique eurasienne sur la création d’un marché commun du gaz serait dans les cartons.
Plus d'articles Premium
Plus