Une nouvelle étape vient d’être franchie dans la guerre commerciale que se livrent la Chine et les États-Unis sous fond de tensions géopolitiques autour de Taïwan, et c’est le marché qui en pâtit.
Dans un dépôt auprès de la SEC, l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, Nvidia a déclaré que le gouvernement américain a informé la société le 26 août d’une nouvelle exigence de licence pour les futures exportations vers la Chine, y compris Hong Kong, afin de réduire le risque que les produits puissent être utilisés par l’armée chinoise, rapporte CNBC. L’entreprise américaine spécialisée dans la conception de processeurs a déclaré que la restriction concernerait les produits A100 et H100, qui sont des unités de traitement graphique vendues aux entreprises.
400 millions de ventes potentielles en Chine
« L’obligation de licence s’applique également à tout futur circuit intégré Nvidia atteignant à la fois des performances de pointe et des performances d’E/S de puce à puce égales ou supérieures à des seuils qui sont à peu près équivalents à ceux de l’A100, ainsi qu’à tout système comprenant ces circuits », indique le dépôt.
Les conséquences boursières ne se sont pas fait attendre : dès ce mercredi, l’action Nvidia a chuté de 6,5% pour tomber aux alentours des 150 dollars. Plus proche donc de son minimum annuel de 140,55 dollars que de son maximum, qui semble bien lointain avec 346,47 dollars. La société prévoit qu’elle pourrait perdre 400 millions de dollars de ventes potentielles en Chine au cours du trimestre actuel, alors qu’elle avait précédemment prévu un chiffre d’affaires de 5,9 milliards de dollars. La nouvelle règle s’applique également aux ventes en Russie, mais Nvidia a déclaré ne pas avoir de clients dans ce pays.
La guerre des puces
L’entreprise a déclaré qu’elle demanderait une licence pour continuer certaines exportations chinoises, mais son obtention est loin d’être garantie. Car Washington et Pékin se livrent une vraie « guerre des puces » en parallèle à leurs rivalités commerciales, les États-Unis craignant à la fois que l’Empire du Milieu ne copie le savoir-faire national pour ces microprocesseurs devenus ressources stratégiques, et que ceux-ci nourrissent la modernisation de l’armée chinoise. Les puces performantes sont en effet essentielles à tout armement de haute technologie, des avions de chasse aux missiles modernes.
C’est un des embargos qui peut le plus handicaper la logistique de l’armée russe, et les USA gardent certainement la même carte dans la manche en cas de tentative d’invasion chinoise sur Taïwan. Et ils préparent déjà le terrain.