En Wallonie, l’hectare de terres cultivables est de plus en plus cher d’année en année

En Wallonie, l’hectare de terres cultivables est de plus en plus cher d’année en année
Récolte des patates en Belgique. (Photo by ERIC LALMAND / BELGA / AFP) / Belgium OUT (Photo by ERIC LALMAND/BELGA/AFP via Getty Images)

La foire agricole de Libramont est un des grands moments de l’été en Wallonie, la région gardant une accise agricole certaine dans sa population comme dans son économie. C’est un grand moment d’échange d’expertises et de réflexion sur de nouvelles méthodes, plus adaptées à l’avenir économique et climatique. Mais c’est aussi l’occasion de revenir sur l’état de ce qui rend possible l’activité agricole : l’accès à la terre.

Dans l’actualité : l’Observatoire du foncier agricole wallon a profité de l’ouverture prochaine de la foire de Libramont, du 28 au 31 juillet, pour publier son nouveau rapport. Celui-ci confirme la tendance des dernières années : l’hectare de terres propres à l’agriculture est de plus en plus cher, que ça soit à l’achat ou à la location.

Des terres plus chères, à l’achat comme à la location

  • En 2023, le prix moyen à l’achat d’un hectare de terres agricoles se montait à 36.370 euros. En 2017, il n’était encore que de 27.200 euros. Cela représente une augmentation de 33% sur cinq ans et une hausse moyenne de 6% par an.
  • Une hausse qui, d’ailleurs, s’est accélérée : entre 2017 et 2020, les valeurs ont augmenté de 12,2 %, mais elles ont marqué un pic à 14,5 % sur la seule année 2022.
  • Les prix sont aussi très variables d’une province à l’autre : le Brabant wallon et la partie du nord du sillon Sambre-et-Meuse restent les zones les plus impactées par la hausse des prix, avec des valeurs extrêmes. « Jusqu’à plus de 80.000, voire 90000 euros/hectare », estime même Marc Thirion, directeur au SPW Agriculture, ressources naturelles, environnement, interrogé par La Libre.
  • À la location, le prix de l’hectare augmente aussi. Selon les données pour 2023 de Statbel, l’office national des statistiques, le prix des fermages (soit le montant que le locataire verse annuellement au propriétaire pour l’utilisation d’un terrain à labourer) est monté à 329 euros. « En 10 ans, le prix des fermages de terres labourées a augmenté de 32,7 % et celui des prairies de 20,1 % », résumait Statbel. Une hausse toutefois surtout marquée en Flandre, par rapport à la Wallonie.

Une situation qui rendrait l’agriculture prohibitive, dans notre région ? Rien n’est moins sûr. Au contraire, selon l’Observatoire du foncier agricole, ce sont des agriculteurs qui rachètent encore de nouvelles terres, tandis que les non-agriculteurs ont plutôt tendance à céder leurs derniers terrains considérés comme cultivables selon le cadastre.

Un capital foncier plus souvent propriété des exploitants

  • En 2010, 31 % du foncier rural étaient détenus par des agriculteurs. Aujourd’hui, leur part est montée à 40 %, tandis que les 60% restant sont des locations, dont une part croissante est rachetée par les exploitants de la terre. Mais ce sont de grands domaines qui se constituent ainsi, au risque d’empêcher toute bouffée d’air – ou plutôt de terre – à de nouveaux exploitants.
  • Dans ce contexte, on peut se demander quel sera l’effet de la réforme du Code de développement territorial de Wallonie, qui a été approuvée en 2ᵉ lecture, mais qui suscite encore des controverses et des appréhensions.
  • Ce texte peut se résumer en un mot d’ordre : la sacralisation des espaces naturels, qui pourra beaucoup moins facilement être bâti, pour des logements ou pour une industrie. Objectif : neutralité du bâti d’ici 2050. En théorie, cela devrait réduire la diminution des surfaces agricoles au profit des fameuses maisons à quatre façades qui se sont multipliées ces dernières décennies, mais son influence sur le prix des terrains reste encore une inconnue.
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