L’engouement pour les voitures électriques est réel dans notre pays, mais le principal obstacle à leur adoption reste le prix, pour beaucoup de gens. En Flandre, on met en place un incitant non négligeable. Mais dans le sud du pays, on fait plutôt la démarche inverse.

Le nord passe la cinquième

Le contexte belge : alors que le parc automobile belge n’a grossi que de 1,4% sur un an, les voitures électriques, elles, affichent un taux de croissance de 93,6% : leur nombre a presque doublé en un an.

• Mais la majorité de ces nouveaux véhicules immatriculés (80,8% des modèles électriques et 58,3% des hybrides) sont des voitures de société.
• Pour un particulier, acheter de son gré un véhicule électrique reste une très grosse dépense, en particulier sans système d’aide ou d’avantages fiscaux pour amortir le prix, encore élevé, de ces voitures.

En Flandre, le gouvernement régional a décidé d’une nouvelle prime : les particuliers qui achèteront une voiture électrique en 2024 auront droit à 5.000 euros.

• Le système sera dégressif : 4.000 euros en 2025, puis 3.000 l’année suivante, avant d’être retirée en 2027. L’idée est donc d’offrir un incitant conséquent sur un délai assez court, pour faire passer le cap à de nombreux Flamands qui hésiteraient, et « de stimuler et de faciliter davantage la transition vers le zéro émission », pour reprendre les mots de la ministre de la Mobilité Lydia Peeters (Open VLD).
• Attention : cette prime s’applique pour les voitures de moins de 40.000 euros. Mais elle peut aussi être obtenue pour l’achat d’un véhicule d’occasion.

Le sud à contresens

En Wallonie, rien de tout ça. Au contraire, même : les taxes vont drastiquement augmenter pour les véhicules polluants. Mais les voitures électriques ne sont pas épargnées, car la puissance et le poids du véhicule entre aussi en ligne de compte.

• La réforme de la taxe de mise en circulation routière en Wallonie entrera en vigueur en 2025. Elle doit faire la promotion de « l’acquisition de véhicules neufs ou d’occasion qui se caractérisent par leur légèreté, leur puissance modérée et leurs émissions réduites. »
• Cette taxe unique (à ne pas confondre avec la taxe annuelle, qui reste inchangée, contrairement à ce qui était envisagé dans la réforme de départ) se calcule selon les « chevaux fiscaux » du véhicule, soit de sa puissance exprimée en CV. Et le montant augmente vite, de 50 à… 9.000 euros.
• La taxe est plus élevée pour les véhicules lourds et puissants, donc, concrètement, pour de nombreux véhicules électriques sur le marché.
  • La taxe d’une Tesla Model Y passe ainsi de 61,5 euros à 1.404,5 euros. Celle pour le Model 3 monte à 1.588,2 euros, et celle du Model C à 1.910,8 euros.
  • Pour une voiture familiale 100% électrique, la taxe de mise en circulation est actuellement d’une soixantaine d’euros, mais devrait passer autour des 500 euros avec la réforme. Notons qu’une réduction de 100 euros sera appliquée aux familles nombreuses (3 enfants).
  • Les petites électriques verront toutefois cette taxe passer à la baisse, mais dans des proportions bien moindres. La Megane etech passe ainsi de 61,5 euros à 50 euros.

La Région wallonne prend donc des décisions qui ne vont pas nécessairement dans le bon sens, malgré une volonté de bien faire… Motivée aussi par le manque d’argent dans les caisses, sans doute. En outre, elle prend du retard sur d’autres chantiers importants pour électrisation automobile.

• Alors qu’on s’attend à ce que notre pays compte 2 millions de voitures électriques d’ici 2030, la Wallonie reste un désert de bornes de recharge. À l’inverse, le nord du pays craint d’installer trop de stations de recharge rapide par rapport à la demande. Deux poids, deux mesures…