L’État devient maître au lieu d’être serviteur : Von der Leyen souhaite davantage de contrôle sur les plans d’investissement des entreprises européennes

Pour la première fois, une personnalité politique européenne de premier plan s’est ralliée à l’idée de l’interventionnisme économique. Inspirée par une récente visite à Joe Biden, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré jeudi à Bruxelles : « Nous réfléchissons actuellement à la question de savoir si et comment l’Europe devrait développer un instrument d’investissement étranger ciblé ».

Pourquoi est-ce important ?

Le concept sous-jacent, appelé "outbound investment screening", est une invention américaine. L'idée est que l'économie, qui décide jusqu'à présent selon les critères de l'offre et de la demande, du prix et de la performance, est assistée par un régulateur politique. Ce dernier agit alors en tant que défenseur de la sécurité de l'État. En d'autres termes, l'État veut être maître et non serviteur.

Dans l’actu : La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, prévoit de présenter prochainement une « stratégie de sécurité économique », détaillant le régime de ce contrôle des investissements.

  • On ne se préoccupe plus de croissance et de prospérité, mais de contrôle. En conséquence, les investissements en Chine doivent être soumis à une autorité nouvellement créée, expliqués et finalement approuvés par l’État.
    • En d’autres termes, l’autorité décidera si un investissement peut être réalisé en Chine ou ailleurs et si une relation commerciale peut y être établie.
    • Les anciens contrôles des exportations, qui portaient sur les armes et autres équipements militaires, ne suffisent plus à contenir les autocrates et les dictateurs.

L’entrepreneur au service de l’État

Conclusion : Le libre marché n’est plus considéré comme une garantie de prospérité, mais comme un risque pour la sécurité. Les États-Unis veulent entrer en guerre économique avec la Chine – et les chefs d’entreprise européens devront suivre. En filtrant les investissements sortants, on leur dira bientôt ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas. En bref : l’entrepreneur au service de l’État et non l’inverse.

(SR)

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