Voici les cinq métiers les plus susceptibles d’être remplacés par l’intelligence artificielle et les robots

Une étude de 2018 notait les cinq métiers les plus susceptibles de disparaître à cause de l’intelligence artificielle, des robots et de la technologie en général. Quatre ans plus tard, après une pandémie, certaines tendances se sont accélérées, d’autres se sont freinées. Analyse.

« La fin du travail. Les robots vont travailler pour nous et avec les richesses qu’il créent on distribuera des revenus universels. On pourra alors vivre notre vie tranquillement », peut-on résumer la pensée du célèbre économiste Jeremy Rifkin, qui a publié un bestseller intitulé La fin du travail. D’autres économistes et spécialistes des sciences du travail rétorquent alors que le travail ce n’est pas simplement « se tuer à la tâche », mais également une activité sociale, des rencontres, un sens dans la vie de tous les jours, la volonté de créer des choses. C’est un long débat, mais toujours est-il que l’intelligence artificielle est de plus en plus implémentée dans la société.

En 2018, une étude de l’Institut Sapiens (créé par le docteur Laurent Alexandre) et citée par le média économique français Les Echos imaginait ainsi les cinq métiers qui disparaîtront au cours du siècle, à cause de l’intelligence artificielle. Quatre ans plus tard, la tendance est accélérée pour certains, mais ralentie pour d’autres.

La recherche sur l’observation de métiers où les tâches sont répétitives et automatisables. 15 postes ont ainsi été recensés. Les chercheurs ont alors croisé ces données avec les métiers dans le nombre de postes est en déclin depuis 30 ans, en regardant aussi les coûts, car moins la main-d’œuvre est chère, plus le poste est susceptible d’être gardé.

Voici donc les cinq métiers retenus, et comment la tendance a évolué en quatre ans. En 2018, la projection portait sur 2,1 millions d’emplois, en France. Mais le constat est vrai pour toutes les économies occidentales.

Employés de banque et d’assurances

Il s’agit des emplois les plus menacés, notait l’étude. En 30 ans, leur nombre avaient déjà diminué de 39%, passant de 356.000 (1986) à 221.000 (2016). Pour ce secteur, le constat est que le numérique a grappillé des emplois. Le recours à des applications de « self banking » pour une gestion quotidienne rend effectivement obsolète certaines tâches des employés. Les algorithmes sont également de plus en plus responsables pour accorder des prêts et des changements de limites de cartes de crédit, ou pour calculer des primes d’assurance.

En 2018, l’étude constatait que de plus en plus d’agences bancaires fermaient leurs portes, et la tendance va toujours dans cette direction aujourd’hui. La crise sanitaire a certainement appuyé sur l’accélérateur : depuis mars 2020, toutes les opérations se font à distance et le concept même d’agence est remis en cause. A Bruxelles, les banques ne sont la plupart du temps ouvertes que sur rendez-vous. De quoi décourager plus d’un client, si on en croit les témoignages sur les réseaux sociaux.

« La banque et les assurances risquent de ne plus compter aucun employé d’ici 2038 à 2051, soit une véritable extinction prochaine et rapide », avançait l’étude.

Comptabilité

Depuis 1986, le nombre de comptables et d’aides comptables a diminué de 10%, pour s’établir à 300.000. Le numérique a contribué à cette diminution, et contribuera encore davantage dans le futur, avec des logiciels de comptabilité qui font des factures et calculent les impôts. Le métier est aussi de plus en plus externalisé. L’étude voit disparaître les comptables pour 2041 ou 2056.

Secrétaires

De 765.000 en 1986 à 560.000 en 2016 : le nombre de secrétaires a également fortement baissé. L’informatique a permis d’en réduire le nombre, une seule personne pouvant désormais plu aisément multiplier les tâches. Si aujourd’hui, la recherche estime qu’il y a encore un certain prestige lié à la fonction, elle voit néanmoins ce poste disparaître entre 2053 et 2072.

Libre-service

Les caissiers et employés de libre-service sont aujourd’hui plus nombreux qu’en 1986, mais depuis les années 2000 leur nombre redescend. Cela est notamment dû aux caisses automatiques. Le poste devrait disparaître en 2050 ou 2066.

Depuis la parution de l’étude, une nouvelle tendance s’est même créée : les magasins non sans plus de personnel de caisse, mais même sans caisses, avec des caméras qui suivent les clients, reconnaissent les produits choisis et débitent les comptes en ligne des personnes – un concept notamment développé par Amazon et repris par des chaines de supermarché classiques. Des employés humains sont cependant toujours nécessaires pour remplir les rayons.

D’un autre côté, avec la crise sanitaire, l’importance des employés des supermarchés en temps de crise a été démontrée, et des mesures de facilitation d’embauche ont été décidées, comme une fiscalité plus légère pour les heures supplémentaires, ou la suspension de la limite d’heures annuelles pour un contrat étudiant.

Manutention

Des cinq métiers, l’ouvrier de manutention est celui qui devrait disparaître le plus tard, entre 2071 et 2091. D’abord, le coût de la main-d’œuvre est faible, et donc la marge est importante, avance l’étude. Entre 1986 et 2016, le nombre d’ouvriers a diminué de 17%, pour s’établir à 675.000.

Dans cette catégorie, la place du robot et de l’intelligence artificielle est également en augmentation, notamment dans les entrepôts des géants de l’e-commerce. Avec la pandémie, l’e-commerce est en boom, et là également des recrutements ont eu lieu, notamment auprès des livreurs et des employés pour les centres de tri postaux.

Des avantages, aussi

Cette théorie de disparition totale des employés n’est pas une théorie généralement acceptée. Dans ce débat, des voix estiment aussi que grâce à l’automatisation des tâches répétitives, les employés peuvent se concentrer sur d’autres tâches. Les employés de banques par exemple ont plus de temps pour se consacrer à un service plus personnalisé, comme constituer des portefeuilles d’investissement sur mesure, ce qui est également vrai pour les comptables et les employés d’assurances.

Un deuxième facteur souligné par les critiques est également que ce déterminisme technologique oublie le facteur humain. Par exemple un secrétaire est également un contact humain, au-delà d’être un « robot » qui organise des dossiers et des calendriers. Des employés de supermarchés sont également là pour aider les clients. Même si la technologie a de plus en plus de places dans nos vies, de nombreuses personnes peuvent aussi y être réfractaires et préférer des contacts physiques.

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