Voici comment la pandémie risque de faire exploser la pauvreté mondiale, une première en 22 ans

La pandémie de Covid-19 a bloqué un flux financier souvent négligé, mais pourtant essentiel à l’économie mondiale: l’argent que les travailleurs migrants des pays riches envoient dans leurs pays d’origine.

C’est une bouée de sauvetage pour des centaines de millions de familles. Mais alors que la pandémie de nouveau Coronavirus fait partir les fiches de paie en fumée, la pauvreté menace de s’accroître dans les pays du Sud.

Les travailleurs migrants ne peuvent plus envoyer beaucoup d’argent à leurs familles restées dans leurs pays d’origine. Il est dès lors pratiquement certain que la pauvreté, en particulier dans les régions fortement dépendantes de ces transferts, va augmenter. L’Asie du Sud, l’Afrique subsaharienne, l’Europe de l’Est et l’Amérique latine ont vu ces flux financiers diminuer de plus de 20% cette année. Selon la Banque mondiale, il s’agit de ‘la plus grande contraction de l’histoire récente’.

Toujours d’après l’institution financière internationale, les travailleurs migrants ont envoyé pas moins de 472 milliards d’euros dans leurs pays d’origine en 2019. C’est trois fois plus que ce que l’ensemble des pays riches dépensent en matière d’aide au développement à travers le monde.

Première augmentation depuis 1998

Selon une estimation des Nations unies (ONU), la pandémie a affecté les revenus de 164 millions de travailleurs migrants qui, ensemble, font vivre au moins 800 millions de leurs proches.

En conséquence, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté devrait augmenter pour la première fois depuis plus de 20 ans. Les chiffres avancés par l’ONU dans un récent rapport dressent un tableau particulièrement sombre: 71 millions de personnes devraient être poussées dans l’extrême pauvreté d’ici la fin de l’année, ce qui constituerait la première augmentation de la pauvreté mondiale depuis 1998. Et d’ici 2030, ce sont plus de 100 millions de personnes qui pourraient être poussées dans la pauvreté. Les régions les plus touchées sont l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud.

De multiples enquêtes montrent que les transferts d’argent des travailleurs migrants réduisent la pauvreté dans les pays à faibles revenus. Ceux-ci ont un effet positif sur la santé publique, entraînent une augmentation des dépenses liées à l’éducation et réduisent le travail des enfants. Mais à mesure que cette source de revenus s’amenuise, la capacité des familles à consacrer de l’argent à ces trois domaines se réduit.

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