L’une des conséquences de la crise sanitaire, c’est que les soldes d’été ne commencent pas le 1er juillet, comme de coutume. Elles sont reportées au mois d’août. Un changement de calendrier qui est le résultat d’un compromis entre commerçants et consommateurs.
Pour Jean-Philippe Ducart, porte-parole de Test-Achats, il s’agit d’une solution qui devait avant tout soulager les indépendants qui ont encaissé de grosses pertes depuis le début de la crise, mais l’alternative peut être intéressante pour les clients également. « Ça a été une demande assez forte de la part d’un certain nombre de fédérations professionnelles qui représentent les petits indépendants et les petits commerces notamment, pas tellement de chez Comeos (la fédération du secteur). On nous a demandé notre avis et on n’a rien contre le fait qu’il y ait un report. C’est plutôt le système dans son ensemble qui pose question : il y a quelques contradictions dans le système des soldes, on demande une réforme plus fondamentale depuis plusieurs années. D’ailleurs nous pensons sincèrement que les commerçants ne vont pas se retrouver dans les soldes cette année, que ce soit en juillet ou en août. En ce qui concerne le consommateur, s’il veut vraiment profiter des soldes, il doit prendre la peine de faire du repérage sur le terrain, de voir quelles sont les tendances, quels sont les prix, pour se faire une idée générale de ce qui se pratique avant et pendant les soldes, pour voir si la réduction est bien appliquée. » Avec ce report, les clients gagnent donc un mois de beau temps pour faire ces comparaisons.
Shopping frileux
Malgré le déconfinement et l’assouplissement des règles, les Belges restent frileux et le shopping traine à reprendre du poil de la bête, surtout dans les centres commerciaux. Est-ce que les bonnes affaires en juillet n’auraient pas été une manière de faire revenir les clients en boutiques ? « Reporter les soldes d’un mois, c’était vraiment la solution de compromis. On a pris cette décision au plus fort de la crise, parmi d’autres mesures, comme la suspension des promotions. Mais il est vrai qu’on voit que le redémarrage dans le secteur du commerce est très lent et il n’y a pas de mesure particulière mise en place pour permettre un boost. Donc il est possible que certains regrettent maintenant le report des soldes. »
Une grosse déception pour tout le monde
Du côté du portefeuille des consommateurs, on annonce un gros impact de la crise qui ne se ferait ressentir qu’à partir de l’automne. Le pouvoir d’achat des Belges risque donc de s’affaiblir encore dans les semaines et les mois à venir. « Le pouvoir d’achat des Belges a déjà fameusement trinqué pendant la crise. Selon une enquête que nous avons menée, 62% des Belges se retrouvent face à des difficultés financières, ils ont dû manger une partie de leur épargne, ils ont perdu une partie de leurs revenus, ils ont perdu carrément leur emploi parfois. Donc il est vrai que la recherche de bonnes affaires va devenir de plus en plus cruciale. Mais, de l’autre côté, beaucoup de commerçants doivent rattraper des recettes qu’ils ont perdues pendant la crise. Donc il va falloir trouver un équilibre qui ne sera pas évident. D’autant que le pouvoir d’achat se dégrade : entre 2019 et 2020, on a encore perdu entre 4 et 5%. Et on voit que l’économie ne va pas repartir comme ça d’un coup, il n’y aura pas cet effet de rebond que la Banque Nationale avait annoncé. Les prévisions économiques ne sont pas bonnes, et c’est vrai aussi pour le consommateur. Donc il est possible, en effet, que les soldes soient une grosse déception des deux côtés de la barrière : les commerçants et les consommateurs. »