Bisbrouille au sein du gouvernement fédéral, révèle La Libre. Le sujet qui fâche : la supposée volonté de la ministre de l’Environnent, Zakia Khattabi (Ecolo), de mettre en place la fameuse taxe carbone. Vous vous souvenez ? En France, elle a provoqué (pour partie) la colère des Gilets jaunes.
On promettait à la Vivaldi quelques nuages sombres. Nous y sommes. Mais ça n’a finalement rien d’étonnant avec un gouvernement si éclectique. L’objet de la discorde entre écologistes et libéraux : la taxe carbone. Une taxe qui doit pénaliser la consommation d’énergie fossile. Ou qui doit encourager une baisse de la consommation des énergies carbonées pour parler plus positivement.
Cette taxe, imposée dans une quinzaine de pays dont la France, la Suisse et la Suède, varie de 70 à 100 euros par tonne de CO2 émise. Elle doit permettre à terme d’atteindre les objectifs de Paris pour le climat. Le débat qu’elle suscite n’est certainement pas neuf. La taxe carbone fait d’ailleurs partie du Pacte énergétique que le gouvernement fédéral doit mettre en place avec les Régions. Pour rappel, la Wallonie vise la neutralité carbone pour 2050. Bruxelles va, elle, tenter de ‘se rapprocher de l’objectif européen de neutralité carbone d’ici 2050‘ tandis que la Flandre rechigne à se mettre au diapason. En fait, dès qu’on entre dans le vif du sujet, la mise en place de la neutralité carbone se heurte au même antagonisme: l’écologie vs l’économie.
En commission, la ministre de l’Environnement Zakia Khattabi aurait ressorti le spectre d’une fiscalité plus verte. Elle entend faire des propositions au ministre des Finances, le chrétien-démocrate Vincent Van Peteghem (CD&V). Le journal De Morgen parlait même d’une taxe qui coûterait 281 euros par an par ménage.
Fait assez rare que pour le souligner, cette information a fait bondir conjointement la N-VA et… le PTB. Raoul Hedebouw a fustigé ‘une taxe qui touchera à nouveau les plus pauvres’, dont la facture énergétique (essence, diesel, gaz) prend une place prépondérante dans leurs dépenses mensuelles. Les nationalistes brandissent eux ‘le tsunami des taxes vertes‘ à venir de la Vivaldi. Chacun est dans son rôle.
Une taxe qui toucherait avant tout les petits consommateurs et la classe moyenne? Il n’en est pas question pour Georges-Louis Bouchez, le président du MR: ‘Le MR prône une fiscalité plus juste. Une taxe carbone qui pénalise les classes moyennes et populaires et handicape nos entreprises serait inacceptable’, a-t-il réagi. Tout en appelant à ‘des mécanismes qui incitent les comportements vertueux’.
En discussion
On comprend derrière cette sortie que la mise en place d’une taxe carbone n’est pas arrêtée au sein du gouvernement fédéral. Et qu’elle suscite quelques tensions.
Ce matin dans SudPresse, Zakia Khattabi a calmé le jeu : ‘Ce que je confirme c’est, qu’en tant que ministre du Climat, de l’Environnement, du Développement durable, je ne déposerai pas de texte sur la fiscalité verte en dehors de la réforme fiscale globale.’ Bref, ça discute, il faudra un consensus.
En France, on se rappelle que la réévaluation de la taxe carbone, instaurée en 2014, avait provoqué la colère des Gilets jaunes, obligeant le gouvernement à faire marche arrière. Ses recettes ont néanmoins été estimées à 3,8 milliards d’euros en 2016 et 9,1 milliards d’euros en 2018. Ce n’est pas rien.
En Belgique, les associations environnementales plaident pour des mesures compensatoires en faveur des ménages les plus vulnérables. Tout le monde n’a en effet pas les moyens d’isoler sa maison avec les dernières technologies par exemple. Elles évoquent une taxe proportionnelle en fonction des revenus. De quoi donner des boutons à plus d’un libéral.