Boris Johnson ne veut pas en entendre parler, mais des parlementaires britanniques lâchent qu’ils ne s’opposeraient pas à un second référendum. Et à Édimbourg, les indépendantistes du SNP consolident leur majorité suite à une alliance avec les écologistes. Quant à l’opinion écossaise, elle fluctue plus qu’à l’accoutumée.
Notre génération verra-t-elle la fin du Royaume-Uni comme nous le connaissons ? On en était passé bien près en 2014, quand le référendum en faveur de l’indépendance de l’Écosse avait reçu l’approbation de 44,7 % des suffrages. Et c’était avant le Brexit, alors que les Écossais sont réputés bien plus européistes que leurs voisins de sud les Anglais.
Westminster lâche du lest
Depuis 2014, les indépendantistes écossais n’ont de cesse de clamer qu’un second référendum aura lieu, et le principal parti pro-scission, le SNP, s’est hissé à la tête du parlement écossais, avec 46,5% des suffrages et 63 sièges. Une position encore renforcée en mai dernier, avec 47,7% des voix et 64 sièges, la majorité étant fixée à 65. Un seuil aisément surpassé grâce à une alliance avec les Scottish Greens, les écologistes locaux, qui possèdent 8 sièges et soutiennent aussi la lutte indépendantiste.
A Londres, bien sûr, c’est un sujet clivant. Comme Theresa May qui insistait que ce n’était pas le moment de se lancer dans ce genre de projet, Boris Johnson refuse d’écouter les voix qui grondent au nord du Mur (d’Hadrien). Mais dans une interview à Politico, le parlementaire britannique – et membre du Parti conservateur écossais- Alistair Jack a évoqué les conditions qui pourraient pousser l’organisation d’un second référendum. « Si 60 % de la population souhaitait un référendum – non pas l’indépendance, mais un référendum – et que cette proportion était maintenue pendant une période relativement longue, je reconnaîtrais qu’il existe un désir de référendum », a déclaré M. Jack. « Tout le monde peut le constater. »
Une prise de position radicale de la part d’un parlementaire de Westminster, fut-il écossais. Et d’autant plus inhabituelle pour quelqu’un qui occupe le poste de Secrétaire pour l’Écosse. Et il n’est pas le seul: Michael Gove, en charge de la politique de l’Union au sein du cabinet ministériel britannique, a affirmé que le 10, Downing Street « ne se mettrait pas sur le chemin d’un second référendum sur l’indépendance de l’Écosse, si c’est bien là la volonté des électeurs. » Deux voix influente au sein du gouvernement qui vont publiquement à contre-courant de celle de Boris Johnson, cela commence à faire beaucoup, d’autant que ce son de cloche vient de ses alliés politiques.
Inversion des tendances
Londres serait soudainement accommodante par rapport aux désirs d’autonomie d’Édimbourg ? A voir, car la crise du coronavirus a tant occupé le terrain médiatique, et surtout sapé l’économie, que le désir d’indépendance parait quelque peu moins prioritaire dans l’esprit des Écossais. Un sondage a d’ailleurs donné une courte avance au choix unioniste par rapport à l’indépendance, avec 47% contre 44%. C’est la première fois que la tendance s’inverse sur les 20 derniers sondages, effectués tout au long de 2020 et 2021. Dès lors, il n’est pas exclu que les Anglais jouent la montre, pour une fois qu’elle va dans leur sens.
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