Vers un plein à deux euros le litre: voire plus ?

La guerre en Ukraine fait exploser les prix du pétrole, qui a dépassé la barre symbolique des 100 dollars le baril. A quelle hausse des prix des carburants, à la station-service, pourrait-on s’attendre? De premiers calculs indiquent 10 à 11 cents, dans les semaines à venir. Mais il reste quelques inconnues, comme l’inflation qui pourrait encore faire gonfler les prix. Le prix du litre à la station-service reflète le prix du pétrole brut d’il y a plusieurs semaines. Ce samedi, les prix en Belgique augmentent déjà d’environ 7 cents le litre.

La Russie est un des principaux producteurs de pétrole, et avec la guerre, le prix de l’or noir s’envole. Ce vendredi matin à 8 heures, le baril de Brent Crude de la mer du Nord affichait 101,2 dollars. Début décembre, le baril affichait encore un prix de 65 dollars.

Ces prix concernent le pétrole brut. De la station de forage à la station de service, l’impact du prix n’est pas immédiat. Les prix affichés en station-service représentent en fait les prix des cours du pétrole de 45 jours auparavant, calcule BFM Business. Les prix d’aujourd’hui sont donc calqués sur le prix du baril du 12 janvier, qui était à 84 dollars.

Sur le carburant acheté en station-service, 30% du prix représentent le pétrole même. Depuis le 12 janvier, le prix du baril a augmenté de 20% environ. Par une règle de trois, on arrive donc à ce constat : dans les semaines à venir, le carburant devrait augmenter de 10-11 cents par litre.

En Belgique, les prix des carburants devraient donc dépasser la barre symbolique de 2 euros le litre. Samedi déjà, ils subissent une hausse moyenne de 7 cents le litre. La hausse pour le mazout est la même.

Aperçu des prix des produits pétroliers. Crédit : carbu.com, données : SPF Economie

Quelle évolution des prix?

Ceci dit, un calcul concret est assez compliqué à réaliser. D’abord, l’évolution future (en dehors des 45 jours généralement prévisibles) des prix du pétrole est une grande inconnue. Entre la guerre, sa durée et son intensité, voire son résultat, et les sanctions, le marché semble pour l’heure ne pas savoir où donner. D’autres éléments entrent également en compte, comme les quantités extraites par les pays producteurs de pétrole, toujours en deçà de leurs engagements.

Ensuite, à côté de la guerre, l’inflation est toujours bien présente. Dans ces 45 jours entre la pompe de forage et la pompe à essence, elle peut également avoir un impact sur les prix, notamment les frais de transport ou les différents salaires des personnes qui interviennent dans cette chaine.

On peut donc raisonnablement avancer que les dix ou onze cents le litre ne sont qu’une hausse minimum. La forte hausse de 7 cents de ce samedi semble déjà un indice édifiant.

Quelle solution politique pour limiter la hausse?

Les prix du pétrole peuvent être une source de tensions sociales, comme l’a montré les mouvements des Gilets jaunes. Est-ce que les gouvernements vont pour autant essayer de limiter la hausse, et ont-ils effectivement une marge de manoeuvre? Biden a déjà annoncé puiser dans la réserve stratégique des Etats-Unis, la plus grande du monde, avec 600 millions de barils.

La France par exemple a une réserve de plus de 120 millions de barils, soit deux mois de consommation. Mais rien n’a encore été annoncé dans cette direction. La Belgique quant à elle dispose de 123 millions de barils, note l’APETRA, organe fédéral (Société Anonyme de droit public à finalité sociale) responsable pour la gestion du stock de réserve sur son site (chiffre en juin 2021).

L’idée de puiser dans la réserve n’est pas encore apparue dans le débat public non plus. Une réduction de la TVA, comme l’a montré le débat récent sur les aides à donner pour les prix de l’énergie, serait impossible. Une réduction de TVA sur le gaz et le mazout (autre produit pétrolier) avait été jugée incompatible avec les normes européennes, entre autres. Un « chèque énergie » serait alors une solution possible.

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