La vague de dépression chez les jeunes : ces tableaux à ne pas lire si vous avez des enfants

Chaque jour, il devient plus clair que quelque chose ne va vraiment pas avec la santé mentale des jeunes. « The kids are not all right« . Ce n’est pas nouveau, mais les études à long terme récemment publiées sont encore pires que prévu. Depuis l’essor des réseaux sociaux, combiné à l’émergence des smartphones, la situation s’est profondément détériorée.

Une étude du Financial Times sur les adolescents d’aujourd’hui a récemment mis en évidence trois évolutions inquiétantes.

1. Une vision dystopique du monde

« L’avenir est sans espoir » (gauhe), « La vie n’a pas de sens » (doite), en % de personnes qui sont d’accord. Crédit : Financial Times

Voici les résultats d’études approfondies à long terme menées par Jean Twenge. Les premiers graphiques montrent comment les adolescents envisagent leur avenir. La zone en gris indique le moment où Facebook et consorts ont commencé à apparaître et où le smartphone s’est largement répandu. Les lignes oranges représentent les sentiments des garçons, tandis que les lignes bleues indiquent ceux des filles. En fait, la vie s’est toujours améliorée jusqu’à ce que Mark Zuckerberg et Steve Jobs lancent leurs produits.

2. La croissance de la solitude

% des adolescents américains qui ne rencontrent leurs amis qu’une fois par mois ou moins (bleu), % des ado qui ne sont pas d’accord avec l’assertion : « cela fait du bien d’être en vie » (rouge). Crédit : Financial Times

Selon une étude réalisée en 2019 au Royaume-Uni, 85% des jeunes âgés de 18 à 24 ans se sentent partiellement seuls ou très seuls. La solitude n’est pas seulement un poison mental, elle est aussi nocive à niveau physique. D’après une étude de l’université Brigham Young, on peut la comparer au fait de fumer 15 cigarettes par jour. L’amitié provoque l’apparition d’endorphines, qui procurent une sensation de bien-être.

3. Un comportement impulsif mène à la mutilation

Selon Robert Vermeiren, psychiatre à Gand, les smartphones jouent beaucoup sur la pensée à court terme des jeunes, qui traitent alors tous ces signaux de manière très impulsive. L’image de soi des filles, en particulier, est complètement déformée par la culture de l’image irréaliste sur des plateformes telles qu’Instagram.

Pourcentage des adolescents britanniques qui se sont mutilés l’année passée, selon le temps d’écran quotidien. Gauche : filles, droite ; garçons. Crédit : Financial Times.

Ces derniers graphiques sont donc complètement hallucinants. Ce que vous lisez ici, c’est que près de 35 % de toutes les filles en Grande-Bretagne se sont déjà mutilées, dans le groupe qui passe plus de 5 heures par jour sur les réseaux sociaux. Pour les garçons, c’est un peu moins, mais cela augmente de plus en plus.

Une solution qui n’en est pas une

Ce qui complique encore les choses, c’est que ces problèmes auront un effet durable sur la société. 75 % des adultes souffrant de troubles mentaux les ont contractés avant l’âge de 18 ans, selon la professeure belge Inez Myin-Germeys.

La solution, selon les thérapeutes et les penseurs, qui affirment qu’il n’y a de toute façon rien à faire, c’est l’éducation. Mais comparez cela à l’héroïne. Imaginez qu’elle soit toujours disponible à la maison (ce qui, soit dit en passant, est déjà le cas pour la cocaïne chez de nombreuses personnes aujourd’hui), alors il ne semble pas évident de montrer son caractère et de ne pas en consommer. « Ne pas tenter le diable » compte toujours comme une expression de bon sens.

L’éducation ne suffit pas

La façon dont nous résolvons d’autres « surconsommations », comme le fait de trop manger, indique que ce ne sera pas si facile. L’obésité continue également d’exploser. Si vous allez dans un supermarché, il y a peut-être un rayon avec des aliments sains, mais si vous regardez attentivement, vous verrez que tous les autres rayons sont remplis de bombes caloriques et d’aliments qui se conservent longtemps, sur lesquels les marges sont très élevées. Comment pouvez-vous lutter contre cela ? Les addictions ne se résolvent pas par une campagne d’information. On pourrait se demander s’il ne faudrait pas légiférer pour que les jeunes n’aient accès aux smartphones qu’à un âge plus avancé. Mais ce train est déjà parti.


Xavier Verellen est auteur et entrepreneur.

(CP)

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