La crainte d’une récession européenne est de retour (après n’avoir jamais vraiment disparue). La raison en est la publication de l’indice des directeurs d’achat (PMI) de S&P Global, qui est considéré comme un bon indicateur de la santé économique de la zone euro. L’indice est passé sous la barre des 50 points, indiquant une contraction de l’activité commerciale.
La Banque centrale européenne (BCE) a créé la surprise la semaine dernière : une augmentation des taux d’intérêt de 50 points de base. Cette augmentation d’une ampleur inattendue devrait freiner l’inflation galopante. Dans un communiqué de presse, la banque centrale a déclaré qu’à l’avenir, elle s’appuiera sur les données économiques pour déterminer dans quelle mesure elle doit modifier les taux d’intérêt. « Nous contrôlons tout mois par mois », a-t-il déclaré.
Inférieur à 50 points
Moins de 24 heures après l’annonce de la première hausse des taux d’intérêt en 11 ans, le rapport S&P Global PMI était déjà sorti. Cette publication n’est pas sans importance, car elle mesure la confiance des entreprises. La BCE surveille donc de près cet indice pour prévoir l’évolution de la croissance économique.
Et ce rapport n’apporte pas de bonnes nouvelles. L’indice des directeurs d’achat est passé de 52 points en juin à 49,4 points en juillet. Il s’agit d’une baisse plus marquée que ce que les économistes interrogés par l’agence de presse Reuters avaient prévu. Ils avaient prédit une contraction à 51 points.
L’industrie manufacturière est l’un des secteurs qui a été touché. La production et le nombre de nouvelles commandes dans ce secteur ont diminué selon l’enquête de S&P Global. Et ce qui est peut-être encore plus problématique, c’est que la croissance dans le secteur des services ralentit aussi considérablement. L’indice PMI pour ce secteur est passé de 53 à 50,6 points, signalant une quasi-stagnation.
Première contraction depuis 2013
Dès que l’indice passe en dessous de 50 points, il y a une baisse de l’activité économique. Chris Williamson, économiste en chef chez S&P Global, s’attend donc à une contraction de l’économie de la zone euro au troisième trimestre. « L’activité a chuté en juillet et les indicateurs prospectifs suggèrent que la situation va s’aggraver dans les mois à venir », dit-il.
« Si l’on exclut les mois de fermeture pour cause de pandémie, la contraction de juillet est la première signalée par l’indice PMI depuis juin 2013, indiquant que l’économie s’est contractée de 0,1 % sur une base trimestrielle », ajoute le rapport.
Bert Colijn, économiste chez ING, n’exclut pas non plus une contraction de l’économie au troisième trimestre. « Une forte saison touristique pourrait sauver le troisième trimestre de la contraction, mais sur la base de l’activité allemande, ce n’est certainement pas une garantie », dit-il. L’indice allemand des directeurs d’achat est tombé à 49,2 points ce mois-ci. L’Allemagne est la plus grande économie de la zone euro.
En théorie, une économie a besoin de deux trimestres consécutifs de contraction pour pouvoir parler de récession. Selon le rapport PMI de juin, l’économie de la zone euro a progressé de 0,2 % au deuxième trimestre. Ainsi, une contraction de l’économie au troisième trimestre ne se traduira pas encore par une récession. Néanmoins, un ralentissement économique est maintenant très proche.
Augmentation des taux
« Ces chiffres confirment notre opinion selon laquelle la Banque centrale européenne n’a pas beaucoup de marge de manœuvre pour de nouvelles hausses des taux d’intérêt, car l’économie se refroidit déjà fortement et entre en mode récession », a expliqué M. Colijn.
L’économiste d’ING s’attend à ce que la BCE augmente les taux d’intérêt de 50 points de base supplémentaires cette année. Cela signifie qu’à la fin de 2022, le taux de dépôt sera de 0,5 %. Les banques recevront donc à nouveau des intérêts lorsqu’elles déposeront de l’argent à Francfort.
(JM)