Nouvelle étude révèle une tendance inquiétante chez les compagnies aériennes de l’UE : le profit prime sur la sécurité


Principaux renseignements

  • Les compagnies aériennes privilégient le profit à la sécurité, poussant les pilotes et l’équipage à travailler un nombre d’heures excessif et à dissimuler la fatigue.
  • Les contrats précaires rendent les jeunes pilotes vulnérables et les incitent à accepter des conditions de travail dangereuses en raison de l’absence de sécurité de l’emploi et de protection syndicale.
  • Les lacunes réglementaires concernant les règles relatives au « port d’attache » doivent être appliquées de manière plus stricte afin de garantir la conformité fiscale, les cotisations de sécurité sociale et le respect des lois sur l’emploi.

Une nouvelle étude de l’UE révèle des tendances alarmantes dans le secteur européen de l’aviation, en mettant en évidence la façon dont les contrats de travail précaires mettent en péril la sécurité des vols. Réalisée par l’université de Gand avec le soutien de la Commission européenne, l’étude a interrogé des milliers d’équipages de plus de 100 compagnies aériennes et a mis en évidence une corrélation inquiétante entre les mesures de réduction des coûts, l’emploi précaire et le déclin des normes de sécurité.

Tendances préoccupantes dans les pratiques d’emploi

L’étude indique que les pilotes et le personnel de cabine sont soumis à une pression croissante pour travailler un nombre d’heures excessif tout en dissimulant les signes de fatigue. Cette situation est alimentée par le fait que les compagnies aériennes privilégient le profit à la sécurité, ce qui crée un environnement dans lequel les employés hésitent à exprimer leurs préoccupations concernant des situations potentiellement dangereuses.

L’étude a également mis en évidence un conflit d’intérêts parmi le personnel de cabine, qui se sent poussé à promouvoir les ventes à bord, ce qui détourne son attention de sa responsabilité première, qui est d’assurer la sécurité et le bien-être des passagers.

Impact de la pandémie

La pandémie de COVID-19 a exacerbé ces problèmes préexistants, entraînant un exode important de pilotes expérimentés et leur remplacement par des travailleurs plus jeunes, moins expérimentés et bénéficiant de contrats précaires. Ces contrats sont souvent dépourvus de sécurité de l’emploi et de protection syndicale, ce qui rend les employés plus enclins à accepter des conditions de travail dangereuses.

En outre, l’étude a révélé que même les membres d’équipage employés de manière permanente dans les compagnies aériennes établies subissent des niveaux de stress élevés en raison d’horaires exigeants, de la fatigue et d’un soutien inadéquat en matière de santé mentale. Les jeunes employés, en particulier, ont déclaré être confrontés aux plus grands défis et ne pas disposer de structures de soutien suffisantes.

Lacunes réglementaires et lacunes dans la mise en œuvre

Les chercheurs ont identifié des lacunes réglementaires dans la législation européenne, en particulier en ce qui concerne les règles de « base », qui sont souvent appliquées de manière incohérente. Plus de 10 pour cent des personnes interrogées ont fait état de divergences entre leur base d’origine officielle et leur lieu d’activité réel, ce qui soulève des inquiétudes en matière de conformité fiscale, de cotisations de sécurité sociale et de respect des lois sur l’emploi.

Appels urgents à l’action

L’étude exhorte la Commission européenne à prendre des mesures immédiates pour résoudre ces problèmes critiques. Les recommandations portent notamment sur le renforcement des protections de l’emploi pour le personnel navigant, l’application plus rigoureuse des règles relatives à la « base d’attache », l’intégration du bien-être de l’équipage dans les systèmes de gestion de la sécurité et l’amélioration des mécanismes de représentation collective afin de donner plus de pouvoir à tous les membres d’équipage.

Alors que la Commission européenne réexamine actuellement le règlement (CE) n° 1008/2008 (règlement sur les services aériens), l’étude souligne l’urgence de cette occasion de corriger les failles existantes et de donner la priorité à la sécurité et au bien-être du personnel navigant et des passagers. Le rapport démontre de manière convaincante que la sécurité aérienne est inextricablement liée à des pratiques d’emploi équitables et à la sécurité de l’emploi. Si elle ne s’attaque pas à ces questions fondamentales, l’industrie risque de compromettre la sécurité de tous ceux qui prennent l’avion.

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