Depuis plusieurs années, une petite cinquantaine d’habitants de la province du Nouveau-Brunswick (Canada) ont été touchés par une maladie cérébrale que les médecins n’arrivent toujours pas à identifier. Pouvant provoquer la mort, ce mal suscite l’incompréhension de l’ensemble de la communauté scientifique.
Depuis 2015, les autorités sanitaires du Nouveau-Brunswick (à l’est du Canada), ont identifié au moins 43 personnes ayant été touchées par cette maladie mystérieuse. La plupart vivent dans la Péninsule acadienne, une région peu peuplée située à l’extrême nord-est de la province. Au moins 5 des malades sont décédés, vraisemblablement à cause de la maladie.
Jusqu’ici restée inconnue du grand public, l’information a été dévoilée par Radio-Canada et CBC, qui ont mis la main sur une note de service envoyée par l’agence de santé publique de la province aux médecins locaux. Le document leur demandait de garder l’œil ouvert sur les patients présentant des symptômes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, une maladie cérébrale rare – vision trouble, hallucinations ou désorientation – mais dont les tests excluent la MCJ.
Des premiers symptômes anodins
Maintenant que l’information a fuité dans la presse, la communauté scientifique a accepté de livrer les éléments qu’elle connaît au sujet de cette mystérieuse maladie. Au départ, les malades présentent des symptômes souvent jugés comme peu préoccupants: douleurs, spasmes et changements de comportement. Ensuite, au cours des 18 à 36 mois suivants, les symptômes se font bien plus virulents: altération des capacités cognitives, fonte musculaire, bave et dents cassées. Ils éprouvent également des hallucinations, dont notamment la vision d’insectes parcourant leur corps.
Malgré une batterie de tests (imagerie cérébrale, ponctions lombaires et tests toxicologiques), les médecins n’ont pas pu lier cette maladie à un trouble neurodégénératif connu.
‘Nous n’avons pas vu au cours des 20 dernières années un groupe de maladies neurologiques résistant au diagnostic comme celui-ci’, a déclaré au Guardian Michael Coulthart, responsable du réseau de surveillance de la MCJ au Canada.
Les scientifiques ne sont pas parvenus non plus à identifier les causes de la maladie. L’équipe se penchant sur le sujet s’étoffe chaque mois d’experts venus d’horizons différents: neurologie, santé environnementale, épidémiologie, zoonotique et toxicologie. Mais pour l’instant, ils font chou blanc.
En attendant, vu que cette maladie reste somme toute très rare, les experts canadiens préfèrent ne pas sombrer dans le catastrophisme. ‘Il n’y a tout simplement pas encore assez d’informations. […] Nous voyons de temps en temps des syndromes neurologiques bizarres. Parfois, nous les comprenons. Parfois pas’, a conclu Valerie Sim, chercheuse en maladies neurodégénératives à l’Université de l’Alberta.
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