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Une fois de plus, la Hongrie fait chambre à part : elle va recevoir encore plus de gaz russe, alors que les autres pays européens en sont sevrés

Une fois de plus, la Hongrie fait chambre à part : elle va recevoir encore plus de gaz russe, alors que les autres pays européens en sont sevrés
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le président russe Vladimir Poutine lors d’une rencontre en 2018. (YURI KADOBNOV/AFP POOL/AFP via Getty Images)

Alors que de nombreux pays de l’Union européenne sont occupés à trouver des alternatives pour remplir leurs stocks de gaz au maximum, la Hongrie, elle, peut compter sur un allié de taille : la Russie. Les deux pays viennent de conclure un nouveau deal.

Depuis plusieurs mois, la Russie ne cesse de réduire ses livraisons de gaz vers les pays européens. Certains n’en reçoivent plus du tout. Pour l’instant, il n’y a même plus rien qui passe par Nord Stream 1 à cause de travaux de maintenance sur le gazoduc, entamés mercredi et normalement terminés vendredi.

Dans ses contrats à long terme passés avec Gazprom, la Hongrie est censée recevoir 3,5 milliards de m³ par an via la Bulgarie et la Serbie et autre 1 milliard via l’Autriche. Parmi les États membres de l’Union européenne, c’est sans aucun doute celui qui a les meilleures relations avec la Russie. Mais ça ne l’a pas empêché de recevoir aussi moins de gaz. Ainsi, depuis le début de la guerre en Ukraine, les livraisons russes vers la Hongrie passant par l’Autriche ont été réduites d’environ 50%, rapporte Euractiv.

« Éviter les rationnements »

Mais ne vous inquiétez pas pour les Hongrois, leur gouvernement sait comment y remédier : discuter directement avec le Kremlin. En juillet, le ministre des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, s’était envolé pour Moscou afin d’y négocier l’arrivée de quantités supplémentaires de gaz permettant de compenser les pertes des livraisons passant par l’Autriche. Mission réussie : durant le mois d’août, Gazprom a envoyé jusqu’à 2,6 millions de m³ supplémentaires par jour à la Hongrie, via la Serbie.

Et ce n’est pas fini. Ce mercredi, Péter Szijjártó a annoncé la signature d’un nouveau deal avec le géant énergétique russe. Grâce à cela, en septembre et en octobre, la Russie va fournir chaque jour jusqu’à 5,8 millions de m³ de gaz supplémentaires à la Hongrie, toujours via la Serbie. Ce gaz devrait « contribuer à la sécurité de l’approvisionnement énergétique en Hongrie et permettre d’éviter la nécessité d’introduire des restrictions dans le pays en raison de pénuries de gaz », s’est réjoui le ministre hongrois.

Le volume supplémentaire exact que Gazprom fournira à la Hongrie chaque jour dépendra de « questions techniques et technologiques », a précisé Péter Szijjártó.

Où en sont les réserves hongroises ?

D’après les données de GIE-AGSI, les stocks de gaz hongrois sont remplis à 63,42%. Un pourcentage qui place le pays parmi les mauvais élèves de l’UE qui, rappelons-le, ont reçu pour consigne de remplir leurs réservoirs à 80% (au moins) pour le 1er novembre.

Mais ces pourcentages sont trompeurs, car la Hongrie dispose de capacités de stockage bien au-dessus de la moyenne, comparativement à sa population. Avec des stocks remplis à « seulement » 63,42%, la Hongrie a en fait plus de 3,88 milliards de gaz m³ en réserve. Seuls l’Allemagne, la France, l’Italie, les Pays-Bas et l’Autriche font mieux.

En outre, en raison de ces disparités en termes de capacités de stockage, l’UE avait précisé que l’obligation de remplissage des stocks était limitée à un volume de 35% de la consommation annuelle moyenne de gaz des États membres au cours des cinq dernières années. Avec ce qu’elle a en réserve, la Hongrie a justement déjà légèrement dépassé ce pourcentage. Il se situe très exactement à 36,68%, selon les données de GIE-AGSI.

En bref, avec des stocks très bien remplis par rapport à sa consommation nationale – et grâce aux quantités supplémentaires qui vont lui venir de Russie -, la Hongrie n’a a priori pas de souci à se faire pour l’hiver à venir. « L’approvisionnement énergétique de la Hongrie est assuré », a d’ailleurs tweeté mercredi Zoltan Kovacs, porte-parole du gouvernement. Quant au mécanisme de « solidarité européenne », il ne devrait pas perturber le pays outre mesure, un état d’urgence déclaré à la mi-juillet par le gouvernement ayant signifié l’arrêt de toutes les exportations de combustibles fossiles vers les pays voisins.

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