La Moldavie, voisine de l’Ukraine, a acheté plus d’un million de comprimés d’iode pour protéger sa population en cas de catastrophe nucléaire. La situation dangereuse dans et autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, à plus de 360 kilomètres de la frontière avec la Moldavie, est prise très au sérieux.
Dès les premiers jours de l’invasion de l’Ukraine, les troupes russes ont capturé la plus grande centrale nucléaire d’Europe. Aujourd’hui, cependant, elle est utilisée comme une forteresse : la Russie a installé des systèmes de missiles sur le site et utilise même les bâtiments du site comme dépôts de munitions. La centrale est également régulièrement touchée par des tirs de roquettes : il a été prouvé que la Russie tirait elle-même à proximité de la centrale depuis Enerhodar, une ville voisine, dans le but de rejeter la faute sur l’Ukraine.
Situation précaire
Le gouvernement de Chisinau a, lui aussi, jugé que la situation était très précaire. Il a été décidé d’importer un million de comprimés d’iode, via un don de la Roumanie. Un chiffre élevé pour une population totale de 2,5 millions d’habitants.
Pourtant, le gouvernement exhorte la population à ne pas paniquer. « L’Agence pour l’environnement surveille l’évolution de la radioactivité dans la nature. Pour l’instant, aucun changement significatif n’a été noté qui dépasse les valeurs maximales autorisées », a annoncé l’agence dans un communiqué de presse.
Les comprimés d’iode sont également stockés par d’autres pays : en mars, il a été indiqué que pas moins de 20 pays de l’UE (sur 27) disposaient de stocks. La plupart des gouvernements distribuent les pilules aux citoyens vivant dans un rayon de vingt kilomètres d’une centrale nucléaire. En cas de catastrophe nucléaire, l’Agence nationale de santé publique de Moldavie distribuera les comprimés aux résidents qui ne peuvent pas être évacués ou aux agents de santé.
Comment fonctionnent les comprimés d’iode ?
Les comprimés d’iode constituent la première ligne de défense pour protéger l’organisme (et principalement la glande thyroïde) contre la contamination radioactive. Une catastrophe nucléaire libère de l’iode radioactif, qui est absorbé par la glande thyroïde lorsqu’il est inhalé. La glande thyroïde, un organe en forme de papillon situé dans la gorge, utilise l’iode pour produire l’hormone thyroïdienne. Cette hormone permet au corps d’absorber l’énergie des aliments.
Par conséquent, si une glande thyroïde absorbe de l’iode radioactif par l’air ou par des aliments ou des boissons contaminés, cela peut entraîner un cancer de la thyroïde. Un comprimé d’iode permet en fait à la glande thyroïde de recevoir déjà suffisamment d’iode sain et de se saturer, de sorte qu’elle n’absorbe plus d’iode radioactif. Toute personne vivant dans un rayon de 100 kilomètres d’une centrale nucléaire et prenant la pilule dans les six heures suivant la catastrophe est ainsi protégée. Avec une sérieuse réserve pour les personnes de plus de 40 ans.
Ne le prenez pas à titre préventif
En mars, l’Union européenne avait déjà mis en garde contre une éventuelle catastrophe nucléaire : les États membres (et les autres pays européens) ont été invités à constituer des stocks d’équipements de protection et de médicaments. La Belgique dispose également d’un stock de comprimés d’iode, qui peuvent être retirés gratuitement dans les pharmacies.
L’UZ Antwerpen indique sur son site Internet qu’il n’est pas du tout recommandé de prendre les comprimés à titre préventif. « Ne prenez jamais les comprimés de votre propre initiative, mais attendez que les autorités vous avertissent par radio, télévision, internet, SMS, haut-parleurs, etc… Certains accidents nucléaires ne libèrent pas du tout d’iode radioactif. N’oubliez pas que les comprimés contiennent une dose très élevée, soit 333 fois la dose journalière recommandée », est-il précisé.
Mais en cas de catastrophe voire de conflit nucléaire, vous aurez besoin de beaucoup d’autres choses.
BL